Cosy
Plus de cinq ans après son troublant Baby, Alex Baladi lui offre une sorte de reflet déformé, une variation plastique autour d’un personnage féminin insaisissable. Ici, son héroïne sort de terre et devient une ouvrière zombie comme les autres, au service du grand capital et du global entertainment. Mais ça, ce n’est que le décor.
Car chez le Suisse Baladi (Vives Voix, Renégat…), rien n’est linéaire ni manichéen. Et tout est propice aux distorsions graphiques plus évocatrices que limpides. Au fil de ses chapitres muets, il triture la nature et les cases, les décors et les corps, les angles et les hachures. Il joue avec la fumée, l’eau, les poils et les végétaux, il associe des visions fantasmatiques avec des obsessions érotiques. Il transforme le banal en cauchemar morbide. Et donne au lecteur le tournis, l’emmène dans un trip visuel sans équivalent. Car si l’on ne comprend pas tout du premier regard – là n’est jamais le but – on demeure hypnotisé par ces jeux de correspondances dessinées entre un tentacule, une tresse, une paire de ciseaux, une corde de pendu… C’est suintant, malsain, éreintant, fascinant. Déstabilisant, mais jamais gratuit. Rare, donc.
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