Mattéo #1
Par Jean-Pierre Gibrat. Futuropolis, 16 €, le 9 octobre 2008.
Un souffle romanesque puissant habite cette nouvelle série de Jean-Pierre Gibrat. L’auteur du Sursis et du Vol du corbeau n’a pas épuisé la veine narrative à la fois sensible et forte qui fit le succès de ses précédents livres. Dans Mattéo (dont quatre épisodes sont prévus), il installe un jeune homme en pleine Première Guerre mondiale, et en plein dilemme. Mattéo, fils d’émigrés espagnols pacifistes, s’engage par amour pour Juliette, dont le cœur balance entre cet ami à la situation modeste et le riche Guillaume, fils d’un notable local. Il ira de désillusion en désillusion, sans parvenir à apprivoiser l’horreur.
Gibrat excelle à traduire l’esprit combatif de la population – la guerre charme son monde « comme un chiot dans son petit panier tricolore » -, puis le côté glauque et suintant du champ de bataille. Il use d’aplats de couleur dense et de reflets, tout en laissant transparaître le grain du papier. On sent son crayon délicat gratter la feuille, découvrant une liberté qui évite au dessin tout aspect figé. À l’aide de cases aux formats divers (dont les plus larges offrent des visions panoramiques de la guerre), il réussit des planches à la luminosité affolante. Doté d’une écriture percutante, son scénario ne montre pas de faiblesses, tissant le destin de personnages complexes aux visages travaillés – le nez busqué de Mattéo, le menton mutin de Juliette. Mattéo s’impose comme une œuvre ironique, révoltée, humaine et vibrante.
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Pas mieux. J’ai adoré ce premier tome, les dessins sont comme toujours somptueux et cette entrée en matière donne envie de savoir ce qui va arriver aux personnages dans les prochains tomes.
Jean-Pierre Gibrat réussit à travers ses dessins des tranchées à nous montrer l’horreur de cette guerre et les dialogues sonnent juste. -
Pas mieux. J’ai adoré ce premier tome, les dessins sont comme toujours somptueux et cette entrée en matière donne envie de savoir ce qui va arriver aux personnages dans les prochains tomes.
Jean-Pierre Gibrat réussit à travers ses dessins des tranchées à nous montrer l’horreur de cette guerre et les dialogues sonnent juste.
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