Crossover #1
Denver, Colorado, n’existe plus vraiment comme avant. La ville est là, certes, mais sous cloche, après qu’une lutte inimaginable entre super-héros s’y est déroulée. Oui, un crossover grandeur nature où tous les héros de comics se sont matérialisés dans la réalité, au même moment, au même endroit, pour se battre. Et tout détruire autour d’eux. Coup de chance, l’un d’entre eux a créé une coupole autour de la ville, pour que ce qui se déroule à Denver reste à Denver, mais depuis, la cote d’amour des justiciers masqués a baissé d’un coup dans la population. En gros, désormais, encapé = danger. Alors imaginons qu’une gamine clairement issu d’un comic book (avec points de trame sur la peau et tout) débarque dans une librairie BD, qu’un fils de pasteur intégriste mette le feu à la boutique, que des hommes en noir tirent les ficelles dans les coulisses, qu’il existe une faille dans la cloche de Denver, que des expériences soient menées sur des humains potentiellement héroïques… Stop! On est bien dans un comics, là ?
Mise en abyme, effet miroir sur le lecteur, rupture du 4e mur, réflexion méta sur l’histoire des comics, sans compter un nouveau passage à la moulinette du rôle et du statut de super-héros, ce premier tome de Crossover se pare d’une ambition rare. Heureusement, car sa voix off de petit malin fatigue un peu, ses références à ses autres comics (Buzzkill notamment) sont un peu lourdes et la plupart de ses personnages semblent avoir un portrait psychologique très superficiel. Semblent. Car les surprises s’enchaînent à chaque chapitre jusqu’à la dernière page, et on sent bien qu’on n’est pas à l’abri d’un retournement de situation ou d’un changement de cap d’un protagoniste d’un instant à l’autre. Et puis, il y a la bagarre, la vraie, sur double page et avec épée magique !
Résultat, Crossover fait semblant de se prendre la tête pour offrir un divertissement jouissif : de son pitch décalé, Donny Cates a face à lui mille possibilités narratives et il choisit souvent la plus fun, pour bien ferrer son lecteur, et laisser à son complice Geoff Shaw (God Country) la liberté d’en mettre plein la vue. Bien joué.
Publiez un commentaire