Crushing
Elle est jolie mais timide, pas épilée parce que pas besoin. Célibataire, mais lassée de l’être. Lui a les cheveux en bataille et un chien. Des missions d’intérim et un vélo. Et n’est pas beaucoup plus confiant et entreprenant qu’elle. Ils habitent le même quartier, un endroit relativement calme qu’on peut traverser en pyjama pour aller se chercher une pizza à grignoter devant la télé. Mais ils ne font que se croiser, et se louper…
Dans ce one-shot quasi entièrement muet, l’Anglaise Sophie Burrows se lance dans un exercice de style narratif élégant et léger, autour de deux êtres solitaires en quête d’une âme soeur, ou du moins d’un compagnon de route. Une femme, un homme, trop discrets et effacés pour surnager dans le flot permanent de la ville et de ses hordes d’êtres forts en gueule ou trop à la mode ou portés par la force d’un groupe ou d’une communauté. Et Tinder n’y pourra pas grand-chose… Alors, ils cherchent au moins un regard, un sourire, qui illuminerait la grisaille urbaine et leur quotidien morne. De ses crayons gris et rouges, l’autrice fait naître ces émotions fugaces, de petites joies, de minces espoirs, des frustrations, des déceptions, mais aussi une certaine rêverie comme une bouffée d’oxygène au milieu des fumées urbaines. On retrouve dans ces planches à la mise en scène déliée et toujours très claire le charme des comédies britanniques, sociales et romantiques, avec une patine graphique personnelle épatante. Craquant.
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