Daho, l’homme qui chante
C’est l’histoire d’un chanteur, Etienne Daho, l’histoire de la création de son treizième album, Les Chansons de l’innocence retrouvée. De l’inspiration à la scène, en pensant par le studio, l’enregistrement… David Chauvel et Alfred, qui se retrouvent comme co-auteurs 12 ans après Octave, ont suivi pendant trois ans l’icône pop française, traduisant par cette histoire l’acte de création artistique d’un chanteur discret et pourtant incontournable du paysage musical francophone.
Entre nappes créatives et entretiens pointus avec les différents acteurs intervenants dans le disque, cet ouvrage a une réelle valeur documentaire: l’acte de création est ici le fil conducteur. La personnalité de Daho se dessine à travers ses choix artistiques, ses inspirations. Très peu de place pour l’intime, le sensible : on crée. C’est le paradoxe. Quelques brèves allusions : ses références – Francis Bacon, David Bowie – sont autant d’indices qui dressent le portrait de Daho ; les blessures, le corps qui souffre (la réalisation a été retardée par la péritonite du chanteur) sont évoqués de manière allusive. Pudeur ? Manque de profondeur ? En effet, le débat n’est pas tranché : si on peut louer le fait de ne pas avoir voulu faire du « people », on aurait aimé être embarqué dans un tourbillon d’émotions comme les procurent certaines chansons de Daho.
Le trait d’Alfred, lui, est sublime. Il s’affirme ici comme l’artiste majeur qu’il est, notamment depuis le plébiscité Come Prima. Comme dans un carnet de voyage, Alfred crayonne en rouge et bleu. En deux ou trois traits, il croque Daho et son entourage, ne cherchant ni le portrait fidèle, ni la caricature. C’est doux, bienveillant, sensible.
Un album séduisant pour les fans de Daho et d’Alfred, qui reste malgré tout un peu trop tiède pour se hisser au rang des chansons du dandy français ou des précédents livres du dessinateur.
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