Dans la nuit la liberté nous écoute ****
Par Maximilien Le Roy, d’après le récit d’Albert Clavier. Le Lombard, 24,95€, le 23 septembre 2011.
Trahit-on sa patrie, lorsque l’on se refuse à exécuter les ordres injustes qu’elle dicte ? Lorsque celle-ci bafoue les valeurs qu’elle a pourtant établies ? Trahit-on les siens, lorsque l’on rejoint le camp de l’ennemi officiel, dont on partage sur le moment l’idéologie ? Tel est le type de questions, auxquelles le nouvel ouvrage de Maximilien Le Roy (Nietzsche, Faire le mur), adapté du récit autobiographique d’un ancien militaire envoyé en Indochine, s’efforce de fournir des éléments de réponses.
En 1945, Albert Clavier a tout juste dix-huit ans, a connu l’occupation allemande. Son grand frère, communiste et résistant, n’est pas encore revenu du camp de Buchenwald, et lui-même vient d’être enrôlé, à contre-cœur, dans l’artillerie coloniale. Après une courte escale à Djibouti, ses pieds foulent enfin le sol de cette terre que d’aucuns nomment encore Indochine, tandis que d’autres l’appellent Vietnam. Loin des images trompeuses de ses manuels scolaires, dans lesquels étaient décrits les mérites de cette « œuvre de civilisation » à laquelle il est forcé de participer, il découvre une population affaiblie, déplore la vulgarité de ses compagnons d’armes, constate les abus de pouvoir et autres atrocités commises par son propre camp. Plutôt que de tirer un trait sur ces beaux principes que sont la liberté, l’égalité et la fraternité, il choisit de déserter, pour finalement rejoindre le camp Vietminh…
Avec une grande maturité stylistique et narrative – l’auteur n’a que 26 ans, Dans la nuit la liberté nous écoute… retrace le parcours de cet homme de convictions, confronté aux mensonges et exactions commises par son peuple. Plutôt que de s’attarder sur les effets de la guerre, sur son triste spectacle, il choisit de se concentrer sur les relations que noue le narrateur avec les quelques rares soldats dont il se prend d’amitié et la population locale, qu’il finit par intégrer. Comme dans Faire le mur, l’accent est mis sur l’humain, pris au piège de l’Histoire, davantage que sur les considérations politiques – même si ces dernières ne sont jamais loin. Le trait de fusain – ou de la mine de plomb – de l’auteur se trouve intelligemment renforcé par l’application, non systématique, d’aplats kaki. Les documents photographiques et textuels, insérés au fil des pages ou proposés en annexe, permettent une plus grande immersion, et offrent à qui voudrait pousser plus loin la réflexion d’intéressantes pistes de recherches.
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J’aime beaucoup le travail de cet auteur. Il travaille beaucoup d’après photos de lui-même, ce qui donne un air de famille à tous ses personnages mais offre une subtilité dans les mouvements et un réalisme difficile à obtenir autrement. C’est vraiment un auteur à suivre.
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J’aime beaucoup le travail de cet auteur. Il travaille beaucoup d’après photos de lui-même, ce qui donne un air de famille à tous ses personnages mais offre une subtilité dans les mouvements et un réalisme difficile à obtenir autrement. C’est vraiment un auteur à suivre.
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