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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | November 24, 2024















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Dans la valise de… Hubert

10 juillet 2018 |

Tout l’été, BoDoï interroge des auteurs de bande dessinée pour savoir ce qu’ils vous conseillent de lire, regarder, aller voir pendant l’été. Histoire de prendre un bon bol d’air frais et de culture, récente ou non. BD, roman, série, film, disque, exposition, spectacle, ils partagent avec vous leurs coups de coeur. Après Timothé Le Boucher, nouvelle étape auprès du scénariste et coloriste Hubert (La Nuit mange le jour, Les Ogres-Dieux, Monsieur Désire?, Beauté…).

Une série

Feud est une série concept qui retrace des rivalités historiques, et pour la première saison (sur FX), celle de Joan Crawford et de Bette Davis sur le tournage de What ever happened to Baby Jane ? de Robert Aldrich. Alors qu’elles se sont alliées pour sauver leur carrière, le système pousse les deux comédiennes à la guerre pour créer du buzz autour du film, que tout le monde perçoit comme un futur nanar… Et le jeu de massacre est lancé, à coup de répliques « bitchy » et de coups tordus. C’est une extraordinaire performance d’actrices, le face à face de Jessica Lange dans le rôle de Joan Crawford et de Susan Sarandon dans celui de Bette Davies, sur des thématiques très fortes : la place de la femme à Hollywood, le vieillissement, le déclin. Et c’est un plaisir de revoir le film après !

Un livre

51S9CZ9E9NLTalleyrand est un personnage fascinant, et Emmanuel de Waresquiel, dans Talleyrand, le prince immobile (Fayard) rend perceptible toute son ambiguïté et sa complexité. C’est le diplomate suprême, un manipulateur qui a toujours trois fers au feu et quatre coups d’avance, un visionnaire qui a redessiné la carte de l’Europe. Talleyrand est décrit souvent comme le traitre suprême, l’homme qui n’a cessé de retourner sa veste (il a servi à tour de rôle l’Église, la Révolution, Napoléon et la Restauration, en sauvant sa vie et construisant sa fortune sans état d’âme), mais la thèse de Waresquiel est bien plus intéressante : ce génie n’a jamais trahi puisqu’il n’a jamais servi personne. Il s’est servi de ceux qui se croyaient ses maîtres (y compris Napoléon) pour faire avancer ses idées, auxquelles il est toujours resté fidèle. C’est passionnant, de plus en plus haletant à mesure qu’il avance dans la vie. Magistral.

Un musée

Je ne vais pas à proprement parler d’une expo, mais la section Arts Décoratifs du Kunsthistorisches Museum de Vienne. Généralement, c’est la partie qui m’ennuie dans les musées. J’y ai mis les pieds un peu par hasard, pressé de rejoindre la section peinture pour voir les Brueghels. Mais là… C’est un gigantesque cabinet de curiosités accumulant les objets les plus fous venus pour beaucoup du trésor des Habsbourg : scène de la Passion avec une multitude de personnages sculptés dans une coquille de noix, étranges hanaps créés autour de coquillages exotiques, horloges baroques absurdes dignes des créations surréalistes les plus folles, du Bosh en orfèvrerie… C’est un mélange étonnant de grotesque et de sublime, chaque vitrine (et il y en a beaucoup !) méritant qu’on s’y attarde. Au final, j’ai eu à peine le temps de voir les peintures !

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Une bande dessinée

Grotesk n’est pas le livre le plus récent d’Olivier Texier, mais ça reste mon préféré. L’objet, tout en longueur (c’est un recueil de strips, aux éditions Humeurs), et surtout son contenu : âmes sensibles s’abstenir, l’humour d’Olivier est pour le moins trash et sans limites. C’est un génie pervers de l’absurde se complaisant à imaginer les situations les plus scabreuses, les plus dégradantes avec une prédilection certaines pour les déviances sexuelles improbables, la scatologie et les mutations génétiques aléatoires. Et c’est monstrueusement drôle. Et le plus étrange dans tout ça est qu’Olivier Texier est dans la vie courante quelqu’un d’absolument charmant.

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