Dans la valise de… Olivier Cotte
Tout l’été, BoDoï interroge des auteurs de bande dessinée pour savoir ce qu’ils vous conseillent de lire, regarder, aller voir pendant l’été. Histoire de prendre un bon bol d’air frais et de culture, récente ou non. BD, roman, série, film, disque, exposition, spectacle, ils partagent avec vous leurs coups de coeur. Après les conseils de Léonie Bischoff, nouvelle étape avec le scénariste Olivier Cotte (Le Lendemain du monde, L’Épouvantail, L’Ultime Défi de Sherlock Holmes…).
Une BD
Amer béton, de Taiyo Matsumoto (intégrale chez Delcourt). Je me surprends moi-même car je ne suis pas un spécialiste du manga, ni même un mangaphile invétéré. Mais voilà: lorsque je lis une BD, j’ai d’intenses fièvres esthétiques, des fascinations intellectuelles, mais bien moins de réponses émotionnelles brutes comme je peux en vivre au cinéma. En bref, je sors rarement mon mouchoir. Sauf là. Parce que les personnages sont forts et tragiques, et parce que le découpage, le parti-pris à mi-chemin entre réalisme et dessin enfantin fonctionnent à plein régime. Et puis, si l’on estime qu’un être est le fruit de son environnement, alors on comprend le soin tout particulier apporté aux décors.
Livre
La Petite Gauloise de Jérôme Leroy (La Manufacture de Livres). L’écriture est plus libre que dans d’autres opus de l’auteur, directe, franche, avec ce qu’il faut d’humour pour faire passer le constat désenchanté d’une société à la dérive ayant déserté son devenir. Et puis les personnages! Ah, les personnages… solidement brossés à peu de mots. Comme souvent avec cette perspective de rédemption toujours en puissance mais rarement attrapée. Que l’on ne s’y trompe pas: c’est du noir, du tragique contemporain. Il y a du Jim Thomson là-dedans. Un roman dense et court à la fois: le noir se doit d’être efficace et, à ce petit jeu, La Petite Gauloise est exemplaire.
Un film
Les Ailes du désir, de Wim Wenders. Wenders a été l’initiateur de mon plus grand choc cinématographique avec l’un de ses road movies: Faux mouvement. C’est pourtant sur Les Ailes du désir que je porte un plus grand intérêt personnel, viscéral même. Il faut dire qu’avec Peter Handke à l’écriture, Jurgen Knieper à la musique, Peter Przygodda au montage, et surtout Henri Alekan à la photo, on est en droit de s’attendre à un chef d’oeuvre, et c’en est un. Bruno Ganz, Solveig Dommartin et Peter Falk sont magnifiquement en place. Film mystique? Historique? Rétrospectif? D’amour? Esthétique? Il s’agit surtout là d’une oeuvre existentielle, incitant à la soif de vivre concrètement, charnellement, sans frontière. Et d’abolir les murs aussi. Allez, tiens, je vais écouter un petit Nick Cave…
Publiez un commentaire