Dans le noir
Daria arrive en Suède, pour étudier dans une école d’art. Une nouveau pays pour un nouveau départ, une nouvelle vie. La jeune Polonaise retrouve son mec, Erik, qui vit à la campagne, puis s’installe à Malmö, ville dynamique et branchée. Entre concerts punk et soirées dans les squats au contact de la communauté artistique, elle pourrait s’y sentir rapidement à l’aise. Mais l’impossibilité d’obtenir des papiers pour travailler et sa maîtrise médiocre du suédois la pousse à accepter un job au noir dans un restaurant indien, tenu par un néo-esclavagiste qui profite du système et saigne les clandestins. Le nouveau départ commence à ressembler à un bien mauvais plan.
Ce long récit autobiographique (200 pages) est très dense. Car il ne choisit pas entre la chronique sociale engagée et le journal intime, Daria évoquant à la fois ses angoisses quant à ses choix de vie, son amorce de militantisme syndical, sa débrouillardise quotidienne, ses amours compliquées. Le noir du titre, c’est le travail non déclaré, les chambres sans fenêtre où les fauchés sont contraints de vivre, la solitude d’une immigrée et d’une jeune femme en mal d’amour, l’absence d’espoir d’amélioration de sa condition… Cet entre-deux est parfois usant, mais se révèle nécessaire pour bien comprendre la personnalité de l’auteure, son parcours et sa démarche. Avec son trait noir et blanc sobre, entre rondeur enfantine et saillies hirsutes punk, Daria Bogdanska parvient à emmener son lecteur dans son histoire, tantôt trop bavarde et autocentrée, mais toujours juste et sincère. Au delà de l’exercice autobiographique réussi, Daria Bogdanska, qui n’a pas 30 ans et dont c’est la première bande dessinée, brosse ainsi de belle façon le portrait d’une génération de citoyens du monde épris de liberté, mais qui ne reculent pas devant leurs responsabilités.
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