Dans l’intimité de Marie #1-5
Isao a déserté les bancs de la fac et vit cloitré chez lui. Son plaisir quotidien est d’admirer en secret Marie, une jolie lycéenne qu’il croise à la supérette du coin. Un soir, alors qu’il la suit discrètement, la jeune fille remarque sa présence… et soudainement, l’étudiant se réveille dans la peau de l’objet de ses désirs ! Forcé de se faire passer pour elle au quotidien, Isao amorce un virage identitaire.
Après Moi, jardinier citadin ou Colère nucléaire, Akata cherche toujours à questionner son lectorat. Ici, c’est “l’adulescent” qui est visé, ce jeune adulte en prolongement d’immaturité psychosociale qui esquive les réalités de la vie. Un profil qui, évidemment, recoupe souvent les consommateurs de culture populaire. Le tort de Dans l’intimité de Marie est de ne pas prendre en compte les raisons sociétales qui ont rendu le protagoniste tel qu’il est, dressant une charge anti-inadaptés assez balourde. Irresponsable, sale, renfermé et trouvant refuge dans l’onanisme autant que dans les jeux vidéo, Isao semble avoir tous les torts. Passée cette considération, Oshimi développe un point de vue remarquable sur l’ouverture à l’autre. Se voir plongé dans le corps de Marie, pour Isao, est le moyen le plus radical de comprendre ce que peuvent ressentir les jeunes gens du sexe opposé et de mettre en lumière les aspérités de la vie en société qu’il contribuait lui-même, pour certaines, à entretenir en épiant Marie.
Le rythme, très lent, fait écho au mal-être lancinant d’Isao. Il se passe peu de choses dans un volume de Dans l’intimité de Marie, récit (toujours en cours) d’un étrange quotidien dilué dans des planches au goût de crépuscule – un dessin de caractère porte l’ensemble, formé de quelques traits vifs et précis d’où transpire toute l’humanité des personnages. On en viendrait à ressentir une impression de trop peu, si le titre d’Oshimi ne cachait pas une épaisse couche de mystère. Car si Isao occupe le corps de celle qu’il admire… où est passée Marie ? Intrigante, cette enquête apporte le sel nécessaire à ce qui aurait pu rester une simple démonstration – qui ose les images fortes, qui fait mouche, mais traine un peu en longueur.
BOKU WA MARI NO NAKA © Shuzo Oshimi 2012 / FUTABASHA PUBLISHERS LTD., Tokyo
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