D’Artagnan, journal d’un cadet
Par Nicolas Juncker. Treize étrange, 35 €, dispo.
On connaît l’histoire par cœur : d’Artagnan, jeune Gascon affublé d’un bidet jaune, monte à Paris la main sur le fleuret, avide de protéger son roi. Trépidante et romanesque à souhait, l’intrigue des Trois Mousquetaires est revisitée par Nicolas Juncker, 35 ans, lui aussi originaire de Gascogne. Faute de réussir à exercer le métier des héros de Dumas, l’auteur s’est colleté avec eux en bandes dessinées. Son d’Artagnan est un roquet attachant, un Rastignac péquenot et arrogant. Dont le cœur bat à tout rompre lors de son premier duel – des « bom bom » énormes envahissent la case. Hanté par le beau sexe, il désire toutes ses représentantes (scènes semi-érotiques à l’appui), quelle que soit leur condition. Et s’amourache vaguement de Constance Bonacieux, dont la disparition sert de prétexte à toutes sortes de péripéties. Mais ce qui motive vraiment d’Artagnan et ses collègues, c’est la quête du bon or qui leur permettrait de s’habiller richement pour aller faire la guerre… D’un trait anguleux et dynamique, Nicolas Juncker cisèle moult rebondissements avec un sens certain du rythme et une bonne mesure d’humour. Il parsème ses 272 pages de croquis en noir et blanc, pour esquisser de beaux duellistes, des nus de femmes ou figurer des flashbacks. Usant d’un découpage façon manga, il accumule certains effets – dont des yeux blancs, privés de pupille, pour refléter l’arc-en-ciel d’émotions par lequel passe son héros – sans pour autant lasser. Mordious, une réussite à faire se retourner le perfide Richelieu dans sa tombe !
Laurence Le Saux
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