Xiao Bao et ses copains se retrouvent pour le vernissage de l’expo de celui-ci. L’occasion de se revoir, de boire des coups et de se remémorer leurs 400 coups lorsqu’ils étaient étudiants. De bons souvenirs, vraiment, alors que Xiao Bao était timide, mal dans son corps, peu sûr de lui en cours d’art, et régulièrement humilié par ses camarades ? Rapidement, le discours nostalgique se mue en histoire délirante où se mêlent passé, présent et fantasmes…

Attention, ce gros bouquin, imaginé par un artiste chinois publié pour la première fois en France, est un délire total (mais maîtrisé) comme nous ont habitué les éditions Misma, à ranger aux côtés des livres de Simon Hanselmann (Megg, Mogg and Owl) ou de Pao-Yen Ding (Road to Nowhere). S’il démarre comme un récit post-adolescent assez classique, bourré de référence à la culture des années 1990, il vire en effet rapidement vers le cartoon glauque, le cauchemar hilare, le trip visqueux. On y croisera Zorro version SM, Maradona en proxo à limousine, une Tortue Ninja, Roberto Baggio tirant un pénalty, mais aussi un moustachu malaisant, un David de Michel-Ange gênant, et toute une série de monstres à tentacules et corps boueux ! Entre autres ! Au sein de grandes ou de pleines pages au style évoquant la BD alternative américaine, aux encres faussement baveuses, Newliu laisse son héros se transformer en lapin-panda musculeux pour mieux affronter d’étranges ennemis, et surtout réécrire sa propre histoire pour gagner confiance en soi. Si la narration semble parfois tourner un peu à vide et se laisser aller au grand n’importe quoi, ce songe enfiévré sans limite demeure assez jouissif, jusqu’aux très belles pages couleurs contemplatives de la fin. Étonnant !