DDT
« J’ai mis son œil dans mon sexe, pour qu’on puisse se remémorer notre passé ». Rien de plus ordinaire, dans les planches décadentes de Suehiro Maruo.
S’ouvrant sur un magnifique chapitre tout de rouge et de noir vêtu, DDT réunit une douzaine de formats courts parus au début des années 1980, période annoncée comme la plus créative de l’auteur. Où coexistent déjà les plus vives excentricités du maitre de l’érotique-grotesque, père de curieux espaces où s’entrechoquent déviances sexuelles, effusions de sang et situations absurdes. Si Maruo n’y est pas encore en pleine possession de sa précision graphique, c’est bien un cortège de trouvailles visuelles qui s’offre à nos yeux, otages d’une nausée romantique. Les planches de DDT sont le théâtre d’atrocités en ombres chinoises, elles sont un domaine où cette encre noire d’une classe folle, virtuose colère canalisée, nous raconte le meurtre, le viol ou l’inceste – une liberté d’offenser qu’on se gardera de confondre avec une apologie. Avant même que nous détournions le regard, estomaqué, l’artiste nous a déjà capturé dans ses toiles aussi raffinées qu’insoutenables, aussi érudites que voyeuristes.
Si toutes les histoires ne portent pas le même souffle, la plupart tiennent d’un surréalisme impénétrable et spectaculaire. Alors, à qui s’intéresse davantage au ressenti qu’au sens, et à qui n’a (vraiment) pas peur de s’étouffer, nous conseillerons une vaporisation de DDT.
DDT © Suehiro Maruo © Le Lézard Noir pour l’édition française — tous droits réservés
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