De ira



Des camps de migrants gigantesques aux portes de la capitale. Des manifestations massives contre la surveillance généralisée et la privatisation galopante des services publics. Une météo imprévisible. Des pervers et harceleurs intouchables dans leur poste protégé. Une répression policière de plus en plus violente. Le monde décrit dans cet album vous dit quelque chose ? C’est un peu le nôtre. Beaucoup même. Et ce n’est que le début…
Car dans De ira, sans doute comme dans l’esprit de nombre de nos contemporainsla colère se heurte à la résignation à chaque séquence : trois personnages, trois jeunes adultes en rupture cherchent comment lutter, exister, et sauver ce qui reste d’humanité dans leur entourage, dans leur cité, dans leur société. Une fille de prof de fac, rouage du système dominant, a une idylle avec un immigré coincé dans un camp, et est victime d’hallucinations. Une jeune black de banlieue vit dans la débrouille permanente et se lève dès que possible contre la domination du Mâle Blanc Friqué. Et un grand barbu poète, en apparence plutôt hippie, ira jusqu’à faire couler le sang pour crier son désespoir. Colère vs résignation donc, révolution vs survie aussi. Et Simon Hirlemann renvoie ce choix terrible à la face du lecteur, dans une fiction dense et haletante.
Le dessinateur de L’Homme sans sourire et de Genius change ici à nouveau de style, pour un noir et blanc réaliste à la fois dense et dynamique. Ses portraits sont expressifs et convaincants, ses décors soignés et détaillés, et il alterne avec bonheur des cadrages classiques d’inspiration cinématographique et des mises en page plus éclatées. Pour un premier livre en solo, s’il laisse un peu trop de portes ouvertes et des portraits un brin superficiels, cet imposant album propose un angle différent dans la ribambelle de récits post-apocalyptiques, finalement plutôt sobre et réaliste. Et offre une expérience de lecture puissante et déstabilisante, qui ne laisse pas indifférent.
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