De quoi les enfants ont-ils vraiment peur ?
Le thème de la peur et des frissons a été retenu cette année au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. L’occasion pour les organisateurs d’inviter plusieurs dessinateurs (dont Stéphane Blanquet et David B.) à concevoir leur petit bout de cauchemar, dans une épatante exposition collective. Nous sommes allés nous faire peur et nous vous dévoilons les photos en avant-première. En complément du reportage, rencontre avec Sylvie Vassallo, directrice du salon, et Olivier Douzou, auteur et scénographe, qui a coordonné l’exposition.
Y a-t-il de la place pour la BD dans ce salon dédié à la lecture jeunesse ?
Sylvie Vassallo : Oui, bien sûr, la frontière est de plus en plus perméable entre l’illustration jeunesse et la bande dessinée. Regardez les livres d’Anouck Ricard (Anna et Froga, chez Sarbacane) ou le récent travail de Stéphane Blanquet sur un texte de Louise Michel (La Vieille Chéchette, Albin Michel jeunesse)…
Olivier Douzou : Dans les deux cas – jeunesse et BD – les auteurs sont avant tout des auteurs d’images. L’objectif de la grande exposition de cette année est de montrer toutes les possibilités de l’iconographie.
Cette exposition n’est pas un simple accrochage de planches. Il y a toute une mise en scène…
Sylvie Vassallo : Olivier Douzou, qui travaille avec nous depuis la dernière édition, a amené une autre façon de concevoir les expositions. Il s’agit de mettre en scène les images à hauteur des enfants.
Olivier Douzou : Je souhaite également montrer qu’un dessinateur peut aussi s’exprimer en trois dimensions. Pour moi, c’est une nouvelle façon de rentrer dans le livre. C’est le livre en grand !
Sylvie Vassallo : Confronter les enfants à des images qui changent des dimensions habituelles des livres permet de les immerger totalement dans un univers, dans une histoire. Par cette histoire, on va aussi les ramener à la lecture.
Le thème de cette année est la peur. Ne craignez-vous pas d’effrayer les enfants ?
Sylvie Vassallo : La peur est un thème ultra-classique de la littérature enfantine. Le ressort des histoires pour enfants est très souvent la peur ou les angoisses. C’était donc un choix évident pour nous. Et puis, nous avons souhaité jouer un petit peu la provocation, autour de la question : «faut-il vraiment faire peur aux enfants ?».
Olivier Douzou : Il y a dans cette exposition une évidente référence aux contes. Dans ceux-ci, les auteurs peuvent être d’une violence terrible. J’ai relu récemment Le Petit Poucet : je ne me souvenais pas que c’était une histoire si horrible !
Sylvie Vassallo : Mais d’une certaine manière, les auteurs qui ont conçu l’exposition tiendront la main aux enfants, en utilisant des codes qui rappelleront qu’il s’agit bien d’un conte. Les gamins sont tellement curieux ! Ils ont cette capacité d’accepter ces codes et de jouer le jeu.
Olivier Douzou : On n’est pas dans un train fantôme ! Il y aura toujours quelque chose qui rappellera que ce n’est qu’une histoire…
Comment se porte la bande dessinée et le livre jeunesse ?
Sylvie Vassallo : La BD et le livre jeunesse sont deux secteurs qui se portent globalement bien. À mon sens, il y a également plus d’auteurs importants qu’avant. Mais dans un contexte de surproduction, certains éditeurs ont évidemment du mal à survivre.
Olivier Douzou : Par rapport à la profusion actuelle de bouquins, je ne trouve pas que la qualité générale ait augmenté. Aujourd’hui, il n’est pas plus évident qu’avant de trouver de bons livres.
Propos recueillis par Benjamin Roure
Photos © BoDoï
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Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil
http://www.salon-livre-presse-jeunesse.net, du 26 novembre au 1er décembre.
Halle Marcel Dufriche, 128 rue de Paris, 93100 Montreuil.
Métro Robespierre. 4 € pour les adultes, gratuit pour les enfants.
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BLANQUET (cliquez sur les images pour les voir en grand et parcourir l’album)
DAVID B
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