Dead Inside
Un détenu est retrouvé éventré dans sa cellule. Le meurtrier tout désigné, un compagnon de cellule filmé avec l’arme du crime, s’est suicidé. Circulez y a rien à voir, affaire classée ? Évidemment non, sinon on n’aurait rien à lire… L’inspecteur Linda Caruso, du département des crimes carcéraux, sent bien, elle aussi, qu’il y a quelque chose de louche à voir un avorton sans histoire éliminer à l’arme blanche, puis charcuter, un colosse qui régnait sur le trafic de drogue de cette maison d’arrêt. Affaire rouverte !
Si la résolution est un tout petit peu décevante, le déroulé de cette sombre histoire tient la route, mené par un John Arcudi (Rumble, The Creep) sûr de ses personnages et de sa parfaite maîtrise des code du récit criminel. Fausses pistes, potentiels suspects tous plus crédibles les uns que les autres, coups de théâtre inattendus… On se laisse de bonne grâce mener par le bout du nez dans cet exercice de style maîtrisé, mis en scène et en images par un autre spécialiste des ambiances noires, Toni Fezjula. À la différence de son travail sur le récit fantastique Veil, le dessinateur serbe a opté pour une approche plus brute de décoffrage tout à fait de circonstance, utilisant, apprend-on en annexe de l’édition proposée par Delcourt, des pinceaux à encre usés pour un rendu volontairement plus agressif. Certains choix de hachures et de trames ne plairont pas à tout le monde, notamment dans les gros plans, mais ce graphisme affirmé et son ambiance carcérale bien tenue donnent à ce récit complet une personnalité qui le hisse au-dessus du tout venant des polars.
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