Charlie Zanello a passé six années à travailler dans la librairie du flambant neuf Centre Pompidou de Metz. Entre ranger les livres, encaisser les catalogues, gérer les cars de retraités, glander sur le net ou dans les salles du musée, il a quand même eu le temps de croiser des artistes et de faire quelques bourdes. C’est ce qu’il raconte, avec pas mal de distance et de dérision dans ce gros et élégant volume.

Sur le papier, ça fait envie. Surtout que Charlie Zanello, qu’on peut lire aussi dans Fluide Glacial, a le sens du rythme, et son crayon léger, façon dessin de presse juste souligné d’une teinte sépia, colle bien aux notes autobiographiques sur un employé de librairie peu investi dans son travail. Hélas, le projet se dégonfle assez vite. Car l’auteur n’a pas grand-chose à raconter d’intéressant, ou alors il n’arrive pas à le rendre intéressant. Tout le monde n’est pas Lewis Trondheim… Néanmoins, par moments, il réussit à faire sourire, le plus souvent là où il se livre un peu et glisse une vision plus personnelle que la simple mise en scène d’un gag. Ses pages évoquant les oeuvres d’art (les seules où intervient la couleur, chouette idée) et leur commentaire par les médiateurs du musée sont les plus réussies. Dès lors, on se dit qu’il aurait été plus à l’aise dans une vraie plongée documentée et enlevée dans l’art contemporain que dans une accumulation de saynètes à l’humour facile. Voilà qui est d’autant plus rageant.