Délices, ma vie en cuisine
Avec sa couverture façon ardoise de bistrot bobo et son dessin rond tendance jeunesse, on pense d’abord que voilà un petit livre surfant sur la vague gastronomie-bio-Top Chef actuelle. Les premières pages et leur ton simple et direct, ainsi que les recettes dessinées, semblent le confirmer. Mais plus on avance dans l’ouvrage, plus l’auteure affirme et affine son propos : une autobiographie sensible par le prisme de la nourriture ou comment une éducation culinaire peut se révéler être une éducation à la vie.
Lucy Knisley raconte en effet sa jeunesse comme on enchaînerait les bonnes anecdotes lors d’une longue soirée chaleureuse, autour d’un plateau de fromages et de fruits et d’une bonne bouteille de vin. Sans s’enferrer dans un déroulé chronologique, elle préfère se concentrer sur des thématiques et picorer dans son passé (et surtout celui de sa mère) pour illustrer son discours. Et clamer son amour de sa maman, cuisinière de profession, et militante du bon goût, du légume de saison et de la diversité culinaire. Délices est aussi un petit portrait d’une certaine Amérique cultivée et éduquée qui, dès les années 70-80 à New York puis Chicago, tentait de dépasser le cadre du burger-frites. Dès lors, on se passionne pour son récit, dynamique et plein d’humour, truffé d’infos et de bons mots. Et surtout, parce qu’au delà d’un vrai savoir-faire narratif et d’une belle sincérité dans le propos, la jeune Américaine de 28 ans amène à se poser des questions plus larges sur l’acuité sensorielle, le fonctionnement de la mémoire émotive, l’importance de vivre à plein les petites joies quotidiennes. Elle nous rappelle qu’il faut apprécier la nourriture et le fait de cuisiner pour ce qu’ils sont : un espace d’évasion, des rêves sucrés ou salés qui prennent vie, un moment de partage et convivialité comme aucun autre. Régalez-vous !
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