Dépôt de bilan de compétences
Que dirait le David Snug d’aujourd’hui s’il rencontrait le « jeune » David Snug. Eh bien, il lui conseillerait de ne surtout pas travailler ! De ses études d’arts appliqués à Rennes à l’usine, en passant par la case chômage et la case intérim, et son cortège de boulots précaires aux sigles divers et variés, l’auteur aborde dans un dialogue socratique avec son « lui » jeune la pénibilité du travail à la chaîne et la vacuité des formations dites professionalisantes, en gros tous les dysfonctionnements ubuesques du monde du travail dans nos sociétés capitalistes contemporaines.
Tout semble presque vrai dans ce récit autobiographique de David Snug, de son vrai nom Guillaume Cardin (Ça c’est mon Jean-Pion). Avec un trait minimaliste et caricatural très inspiré de la BD indé américaine, il narre, en courtes saynètes d’une page souvent découpée en six cases régulières, le récit chronologique de son passage dans le monde du travail, assumant pleinement le ton de l’ironie comme pour mieux dénoncer le caractère aliénant de cette activité barbare.
Si les saynètes sont inégales, l’ensemble se révèle truculent et plein de sens, dépassant souvent la simple critique. La postface du sociologue Julien Bordier invite à poursuivre la réflexion autour du thème du travail, perçu comme une construction historique et idéologique de laquelle on pourrait s’abstraire. On regrette que ces réflexions sociologiques en postface n’aient pu être distillés tout au long de la BD dans un travail à quatre mains entre l’auteur et le sociologue, ce qui aurait densifié le propos de Snug.
Mais poursuivre la réflexion, la sortie de cette BD est accompagnée d’une tournée musicale abordant le même thème, assurée par David Snug et son groupe, les Trotski Nautique !
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