Dérives **
Par Piero Macola. Atrabile, 16 €, le 18 novembre 2010.
Une île de l’hémisphère sud, océan Indien ou Atlantique, à proximité du continent africain. Ici, pas grand-chose pour vivre, si ce n’est la mer, et ce qu’elle consent à donner. Bouba s’en tire difficilement avec sa petite barque et voit d’un mauvais oeil les hordes de chalutiers géants qui viennent piller les fonds marins. Jusqu’à quand ? Ne lui restera plus alors qu’à aller pointer à la conserverie, et espérer toucher un jour le quinté dans l’ordre…
Récit plein d’humanité sur les petites gens touchées de plein fouet par la mondialisation, Dérives avance sur un rythme doux et sans à-coups, Piero Macola possédant un sens consommé de l’ellipse, pour raconter beaucoup en peu de cases. Au fil de ces 104 pages, on croise ainsi un drame professionnel, de mauvais choix de vie (la tentation de la délinquance et de l’argent facile, notamment), une idylle naissante, une amitié solide, un instantané du monde moderne et de ses injustices… Par un dessin pastel et vaporeux, l’auteur d’origine italienne compose un livre sans excès – ni d’actions, ni de sentiments -, une chronique paisible sur un monde en crise. Car, au-delà des drames prévisibles, l’album manque un peu de colère, d’explosion ou de rebondissements. Et se referme ainsi avec un brin de frustration, devant ce récit de vies désespérément ordinaires.
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