Au rayon jeunesse, la bande dessinée n’est pas réservée exclusivement aux éditeurs spécialisés. De temps en temps, on découvre des albums originaux dans les catalogues des éditeurs jeunesse. On vous présente aujourd’hui trois ouvrages qui échappent aux codes et qui bousculent un peu le paysage éditorial.

Du côté de chez Hélium, on a l’habitude de publier des ouvrages atypiques avec une forte identité graphique, des livres non formatés, qui surprennent et bousculent les codes du genre. C’est une nouvelle fois le cas avec cette adaptation, en bande dessinée, des aventures du célèbre Docteur Dolittle. Dans cet album grand format, on retrouve le trait insolite et l’art de la composition de Seymour Chwast, célèbre designer graphique, qui a cofondé dans les années 1960 le studio Push Pin avec Milton Glaser. Il raconte ici les mésaventures d’un médecin, amoureux des animaux et capable de communiquer avec eux. Délaissé par ses patients, et sa famille, il va mettre à leur service toute sa science et ses connaissances pour les soigner. Cette dévotion va l’amener à voyager jusqu’en Afrique, où une tribu de singes est plutôt mal en point. L’histoire originale, signée Hugh Lofting, tient dans une douzaine de romans, il a donc bien fallu ajuster le texte pour le faire entrer un seul album. Malgré cela, l’esprit de la série est parfaitement respecté et on découvre au fil des pages des petites trouvailles et des variations graphiques qui rendent la lecture de cet album particulièrement savoureuse et dépaysante.

Autre album inclassable et audacieux, Papayou, une adaptation libre d’un conte traditionnel japonais, chez Thierry Magnier cette fois-ci. Cet éditeur jeunesse n’hésite pas à franchir les barrières et il nous a déjà surpris par le passé en faisant des petites incartades remarquées dans le monde de la bande dessinée, notamment avec le très bel ouvrage Kodhja. Ici, c’est Matthias Arégui (Bob et Sally sont des copains) qui nous entraîne au coeur d’un clan de primates, dans une Afrique intrigante, où se déploient des paysages luxuriants. Dans ce récit, il est question d’une lutte de pouvoir entre un vieux sage fatigué, son petit chien magique et un jeune prétendant en pleine force de l’âge. Là aussi, on découvre cette histoire dans un album très grand format avec un papier épais qui fait de ce livre un magnifique objet dans lequel on prend beaucoup de plaisir à plonger. La palette de couleurs utilisées par l’auteur, combinée aux dispositions variées des planches, contribue à faire de ce conte une expérience de lecture inédite.

Journaux, albums (Anna qui chante), pièces de théâtre et bandes dessinées (Francis Saucisson, Le Meilleurissime Repaire de la Terre), les éditions Biscoto composent depuis quelques années un catalogue de qualité avec des ouvrages très diversifiés. En publiant Super cool, une petite histoire décalée signée de l’auteure allemande Tanja Esch, les voilà qui se lancent pour la première fois dans l’achat de droits et la traduction. Direction la cour de récréation, pour suivre les péripéties de Tania, une fillette qui tente, tant bien que mal, d’être la plus cool de l’école. Mais voilà, tout ne se passe pas forcément comme elle l’avait prévu et certains de ses choix sont la risée d’une partie de la classe. Mais grâce à l’imagination de sa maman, et au soutien de sa copine Kristina, Tania s’apprête à frapper en coup dans le monde la coolitude ! Ce récit est à la fois mignon et rude, il dépeint assez efficacement ce qu’il peut se passer parfois dans un groupe d’enfants. Ils ne sont pas toujours très tendres les uns avec les autres. Il faut du caractère pour assumer ce que l’on aime. Petit format souple, couleurs qui flashent, trait à la fois simpliste et stylisé, cet album se glissera facilement dans les cartables pour être mieux partager à la récré ! La boucle est bouclée.

---