Par Florence Cestac et Tonino Benacquista. Dargaud, 13,95€, le 7 octobre 2011.

C’était un temps où, pour ne pas avoir un enfant non désiré, les femmes devaient discrètement se rendre à Londres ou Amsterdam. Souvent dans la honte et les larmes.

Légalisée en 1975, l’interruption volontaire de grossesse est au coeur de cet album militant, dédié à Simone Veil et aux 343 signataires du manifeste d’avril 1971 (surnommées les « 343 salopes », pour avoir admis publiquement avoir eu recours à l’avortement). On y suit les destins croisés de trois femmes : Anne-Sophie, bourgeoise enceinte de son amant, Odile, militante dans l’âme, et Maïté, quittée par son cher et tendre. Réunies dans le même bus, elles partagent confidences et angoisses.

Des salopes et des anges aborde un sujet grave – et d’actualité, puisque l’IVG est de plus en plus difficilement accessible en France -, de façon légère, sans pour autant le banaliser. L’écrivain Tonino Benacquista (La Commedia des ratés, Lucky Luke) trouve le ton juste, tissant les fils d’une comédie sociale fluide. Aux crayons, Florence Cestac lui donne la réplique sans fausse note, son dessin « gros nez » dédramatisant le propos sans lui ôter sa force. Souvent comique, leur album évite le sordide, mais pas toujours l’émotion.

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