Deux BD gourmandes sur la cuisine d’antan
Le Lombard et Mango se sont associés pour lancer une nouvelle collection, sur l’histoire de la gastronomie : Dans les cuisines de l’Histoire. Deux tomes sont sortis, pour un résultat mitigé.
« XIIe siècle. La guerre morale fait rage entre l’ordre Clunisien […] et les Cistériens […]. L’objet du conflit : quoi manger et en quelle quantité ? » C’est sur ces mots que s’ouvre le premier tome de la collection Dans les cuisines de l’Histoire, intitulé À la table des chevaliers. À travers une quinzaine de scènes, la scénariste Isabelle Bauthian (Ma vie d’adulte, Effleurés, Je ne me suis jamais sentie aussi belle, Havre…) entremêle avec bonheur la grande et la petite histoire. Elle aborde de nombreux sujets de société bien documentés, tels le péché de gourmandise et le « jour maigre » surveillés par l’Église, la traçabilité et la fraîcheur des produits, mais aussi les différences de classes et même la famine. On découvre l’origine du Viandier, célèbre livre de Taillevent, ainsi que des anecdotes autour de notre patrimoine gastronomique (lutte d’influence des régions vinicoles, pénuries de fromages régionaux, etc.).
Les personnages sont attachants et bien campés et, comme dans une bande dessinée humoristique, la toile de fond sérieuse est toujours contrebalancée par leurs petits travers. Les dessins de Nathalie Nourigat sont agréables et la colorisation de Céline Badaroux est très réussie (conjugant des couleurs vives, joyeuses, et de la retenue).
L’album est ponctué de recettes en vieux français et de commentaires savants, un peu ennuyeux mais justifiés dans ce type d’ouvrage. Au final, un livre agréable, à mettre entre les mains de toute personne un peu curieuse.
Ce n’est pas tout à fait le cas du deuxième tome de la collection, qui nous invite À la table du Roi Soleil. Suivant la même structure que le premier volume (plusieurs petites histoires), l’album se révèle plus faible, car les différences culturelles sont moins nettes qu’au temps du Moyen-Âge. Ainsi on reste principalement à la table des aristocrates et on ne voit le quotidien du peuple français qu’à travers leurs palais. Certes, on apprends des choses : l’arrivée du café en France, l’assaisonnement des viandes… Et on se régale de quelques anecdotes sur la démesure de l’époque : quand la pousse des petits pois devient une affaire d’État ou qu’un homme se donne la mort pour un retard de livraison… Mais l’équilibre humour/sérieux est moins bien trouvé.
Les dessins de Gaëlle Hersent (Sauvage) sont dynamiques, mais le trait est parfois un peu chargé et la mise en couleur insiste lourdement sur les ambiances. L’ensemble produit un album grand public toujours soigné, idéal pour offrir à un amateur de cuisine. Cependant, ceux qui préfèrent les œuvre plus personnelles et moins conventionnelles passeront leur chemin.
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À la table des chevaliers.
Par Isabelle Bauthian et Nathalie Nourigat.
La Lombard/Mango, 120 p., 17,95 €, avril 2017.
À la table du Roi Soleil.
Par Rutile et Gaëlle Hersent.
La Lombard/Mango, 120 p., 17,95 €, avril 2017.
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