Quatre-vingt-un an après sa création, Tintin fascine toujours, tout autant que son créateur Hergé. Deux livres récemment publiés se penchent sur le reporter du Petit Vingtième et son inventeur.

Dans le premier, intitulé Dans la peau de Tintin, Jean-Marie Apostolidès invite le lecteur à s’identifier à l’enquêteur à houppette, « pour se sentir plus fort, pour vaincre les peurs de son enfance ». L’auteur, professeur de littérature et d’études théâtrales à l’université de Stanford en Californie – et à qui l’on doit déjà Les Métamorphoses de Tintin -, voit Tintin comme une peau: « C’est une enveloppe protectrice, pour Hergé d’abord, et à sa suite pour nombre de ses lecteurs. Cette peau remplit plusieurs fonctions: elle protège du réel, quand celui-ci se fait trop dur ou trop menaçant; elle rend plus courageux devant l’adversité; elle magnifie celui qui s’en empare. »

Usant d’une langue claire, il analyse le corps du héros, évoque l’enfance de George Rémi et ses « blessures secrètes », creuse les influences d’Hergé (l’abbé Wallez notamment, qui aurait été amoureux de Germaine Kieckens, laquelle deviendra la première femme de l’auteur). En abordant certains personnages ou lieux (Haddock, Rastapopoulos, Tchang, Moulinsart…), c’est un passionnant portrait en creux, celui d’un créateur tourmenté, que dresse Jean-Marie Apostolidès. Sans oublier de tacler la gestion de l’après-Hergé par Nick Rodwell, surnommé Iago au tournant d’une phrase.

Plus cryptique, un autre ouvrage, La Vie secrète d’Hergé, ausculte les indices laissés par l’artiste dans ses albums. Olivier Reibel soulève chaque dessin, chaque dialogue, pour leur trouver une signification, souvent ésotérique.

Les allusions à la franc-maçonnerie semblent être légion, mais pas seulement. Selon l’auteur, Hergé s’intéresse aussi de près à la Société théosophique (occultiste, elle fut créée à New York en 1875 et prospéra en Inde, dans le but de « créer une fraternité universelle sans distinction de sexe, race, religion »). On réservera cette lecture aride – qu’il faut accompagner de celle des albums pour s’y retrouver – aux tintinophiles furieux, amateurs de sens cachés.

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Dans la peau de Tintin
Par Jean-Marie Apostolidès.
Les Impressions nouvelles, 22€, le 9 septembre 2010.

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La Vie secrète d’Hergé
Par Olivier Reibel.
Dervy, 26€, le 19 octobre 2010.

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