Dévasté
Bébé, elle a été enterré vive, mais a survécu. Agnès semble être une force de la nature. Autour d’elle, tous meurent, décimés par la maladie — la peste, le choléra… ? Après avoir tenté de la réconforter jusqu’au bout, elle voit sa grande soeur expirer, tente de rasséréner les membres vivants de sa famille — ses parents ont aussi trépassé.
Dans ce village du Moyen-Âge, c’est le lot de tous. Le médecin de passage, lui-même, est sur le point de succomber. Giles, lui, voit sa femme enceinte s’éteindre. D’Agnès, qui lui procure du pain, il se rapproche sensiblement. Tous deux vont jusqu’à se réconforter mutuellement dans leur chair. Comme si le sexe pouvait éloigner, au moins pour un temps, la mort.
Dévasté est un récit sec et fascinant. L’Américaine Julia Gförer y décrit cliniquement, dans une ambiance parfois quasi surnaturelle, le sentiment qui étreint lorsque l’horreur et la perte se font routiniers. D’un trait ultra efficace, fin et très hachuré, elle dépeint des hommes abandonnés par Dieu, et plus particulièrement une femme qui souffre, se couche parmi les cadavres, comme pour être absorbée par eux et ne plus rien sentir, enfin. Malgré les siècles de distance, l’empathie joue à plein, et les larmes nous montent aux yeux en observant Agnès.
Publiez un commentaire