Devilman #1-5
Les démons, habitants originels de la terre, ont quitté leur prison de glace afin de reconquérir la planète. Persuadé que le seul moyen de se défendre est de fusionner avec l’un de ces prédateurs, Ryô se sert de son ami Akira, adolescent à l’âme pure, afin de donner naissance à un être au cœur d’homme et au corps de démon : Devilman. Et débute la dernière lutte de l’humanité…
Pour la première fois en français – après une édition Dynamic épuisée –, Devilman (1972–73) est publié en sens original. C’est une version grand format et retraduite que nous propose Black Box, augmentée de nombreuses pages (principalement issues du tome additionnel Shin Devilman, paru en 1979) par rapport à celle que nous connaissions. Si certains ajouts sont pertinents et éclairent le scénario, d’autres vont jusqu’à contredire les planches initiales. Dans le tome 3, une longue portion voit Akira et Ryô traverser le temps, rencontrant Jeanne d’Arc ou Hitler, sous un crayon qui est probablement celui d’un assistant de Nagai. Les personnalités y sont déformées et Ryô se voit affublé d’attitudes d’homosexuel cliché qui ne sont pas loin d’être condescendantes – même si certains stéréotypes, notamment machistes, étaient déjà présents, la vision originale était plus fine… Déjà faiblarde dans sa partie centrale, principalement composée de combats, la série n’avait pas besoin de cela. Pour autant, le reste de l’œuvre est toujours indispensable, sommet de critique du genre humain qui répond au contexte de révolte de l’époque. Sexe, drogue, colère et messes noires : Devilman était un manga subversif au trait furieux, un shônen contestataire, jusqu’au-boutiste, où l’esthétique de la rage et de la souffrance remplaçait l’optimisme naïf qui caractérise aujourd’hui le genre. Cette violence extrême ne se limite pas à un torrent de bile crachée par son auteur : elle nous met en garde. Ce que l’œuvre a laissé en héritage, c’est bien son appel à la réflexion et au respect de chaque forme de vie.
Devilman, c’est un premier tome fondateur, un milieu de série (tomes 2-3) anecdotique et deux volumes finaux éternellement cultes. Aux moins collectionneurs d’entre vous : faites l’économie des deux moins bonnes pièces. Vous profiterez ainsi de ce classique sans perdre le fil et en zappant la case déception.
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