Dick Talon touche le fond
Dick Talon n’est pas une lumière, c’est certain. L’homme est raciste, intéressé, et pour tout dire un peu con. Un antihéros parfait pour dénoncer ce qui ne tourne pas rond dans notre monde, à la fois économiquement, humainement et géopolitiquement. Pour le ridiculiser encore plus, Willem (Grand Prix d’Angoulême en 2013) offre à son affreux personnage une maladie socialement handicapante : la diarrhée, qui l’accable et le sauve à la fois. Ce « vrai fouteur de merde » est envoyé en Pologne, en Israël, en Arabie Saoudite et même à Guantanamo. Partout, il comprend les choses de travers, et engendre le chaos…
Avec Armand le hardeur ou le Baron Ed, un libéral sans âme, Dick est un des pantins brandis par le provocateur hollandais dans ce recueil d’histoires courtes parues dans Charlie Hebdo depuis 2011. On peut être agacé par les fautes négligées par l’éditeur, un peu écoeuré par certains assauts de vulgarité. Mais l’oeil de Willem fait globalement mouche : l’auteur grossit tout ce qui dysfonctionne, tourne en ridicule certains politiciens, épingle l’avidité de beaucoup d’autres. Son trait féroce, au noir et blanc virtuose, est, ici ou là, à peine habillé de vert. Ce qui ne l’adoucit pas, lui conservant au contraire tout le mordant nécessaire.
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