Divine : Vie(s) de Sarah Bernhardt
En 1871, pendant le siège de Paris par l’armée prussienne, la tragédienne Sarah Bernhardt (1844-1923) transforma le théâtre de l’Odéon en ambulance, et passa de longues semaines à soigner les blessés. C’est sur cet épisode – précédé d’un court souvenir d’enfance – que s’ouvre Divine : Vie(s) de Sarah Bernhardt. Cette biographie se concentre notamment sur la décennie 1870, et la manière dont l’actrice a construit sa propre légende à travers plusieurs moments clés. On suit ses aventures sur les planches, son travail avec Victor Hugo, Edmond Rostand ou Oscar Wilde, ses premiers grands triomphes, ses excentricités, son départ de l’Odéon, son passage à la Comédie française, ses prises de position politique, ses amours féminines et masculines et ses tournées internationales. Les grands personnages et les événements de la IIIe République se croisent et se recroisent au fil du destin de Sarah Bernhardt, un personnage profondément romanesque.
Le récit d’Eddy Simon (Confidences à Allah, Violette Nozière, vilaine chérie…) est découpé en actes, autant de vignettes sur des moments-clés de sa vie et de sa carrière. Cela donne au récit un rythme qui traduit joliment le tempérament de Sarah Bernhardt. Les dialogues dominent ; les rares passages narratifs sont des réflexions à la première personne de l’actrice elle-même. Divine est loin d’être une biographie exhaustive, mais parvient à travers ces différents moments à dresser un beau panorama d’une vie très remplie.
Ce découpage en « instantanés » rend toutefois la narration parfois confuse, car elle s’éparpille. Chaque événement est traité de manière assez brève, de quoi frustrer le lecteur ou la lectrice. Heureusement, un dossier historique et une chronologie complètent le roman graphique – de quoi, peut-être, donner envie de se plonger plus en détail dans la vie de Sarah Bernhardt.
Au dessin, Marie Avril illustre cette riche vie avec justesse, avec ce qu’il faut de fantaisie et d’intensité pour se prêter au caractère de son héroïne. Sa palette de couleurs s’adapte à l’humeur ou à la teneur des événements que traverse « a Divine ». Chaque acte est entrecoupé de portraits de Sarah Bernhardt, pastiches sympathiques des affiches qui ont transmis sa légende jusqu’à nous. C’est surtout lorsque le dessin s’échappe des cases, se prêtant tour à tour aux rêves de grandeur du personnages, à ses triomphes scéniques ou à ses questionnements existentiels, que le récit se fait le plus marquant.
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