Dix secondes



Marco est un ado paumé comme on en a tous connu ou a minima entendu parler. C’est ce gars en fond de classe qui ne fait pas grand-chose, qui ne comprend pas ce qu’il fait là, et qui a bien du mal à trouver sa place dans le monde qui l’entoure. Alors, il joue avec les interdits, dans une inconscience plus ou moins risquée. Marco, c’est aussi le bon pote, tout comme le gars qui se défonce chaque soirée, ou celui qui rentre à ses risques et périls après chaque virée…
Deux ans après l’engagé et accessible diptyque Eddie & Noé s’adressant aux ados d’aujourd’hui (mais pas que), Dix secondes nous ramène plutôt à l’adolescence de son auteur. Non pas que son œuvre soit autobiographique, mais parce qu’elle nous conduit dans les années 1990, loin du tout numérique et de l’omniprésence des smartphones. On y joue à Mario Kart 64, on y lit Gunnm et on affiche des posters de Titanic dans sa chambre (on ne juge pas).
Le lecteur qui a vécu l’adolescence à cette époque s’y retrouve très facilement dans cette tranche de vie périurbaine plus vraie que nature. Mais il n’y a pas que l’aspect nostalgique qui capte la lecture, la construction de l’histoire autour du lâcher-prise mène à une irrémédiable chute dans l’addiction pour Marco. À force de jouer avec le feu pour se sentir un tant soit peu vivant dans ce monde monotone, il met sa vie en danger à plusieurs reprises.
Il y a de la mélancolie et de l’ironie à la Orelsan dans ce récit, un temps drôle, un temps dramatique, et surtout toujours juste. Marco est l’élément central d’un jeu où chacun tente de chercher qui il est et ce qu’il veut faire de sa vie. Car derrière ce qui pourrait n’être qu’une chronique d’un jeune en perdition, Max de Radiguès croque en réalité toute une jeunesse désabusée dans sa complexe diversité.
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