DMPP et Turkey Comix, les belles revues de The Hoochie Coochie
La petite maison d’édition The Hoochie Coochie continue de creuser son sillon dans la bande dessinée alternative, notamment avec ses deux revues fer de lance, DMPP et Turkey Comix.
Le Festival d’Angoulême a mis en avant, par deux fois et à juste titre, le travail de The Hoochie Coochie sur ses revues annuelles, en lui attribuant le Prix de la BD alternative, en 2008 pour Turkey Comix et 2009 pour DMPP. La première, dont le 19e opus est disponible depuis janvier, s’apparente désormais à un épais et luxueux fanzine, avec son éclatante couverture gravée. Au fil de ses 200 pages, on y découvre des histoires courtes, plus ou moins expérimentales, à suivre ou non, venues de toute la planète BD : Allemagne, Australie, Danemark… On y retrouve des auteurs découverts par ce jeune éditeur, tels Christopher Hittinger (Jamestown) et Greg Mackay (Francis Bear, paru fin 2010), et plein de petits nouveaux. Assurément, à l’image du Lapin de L’Association, Turkey Comix est le laboratoire graphique des talents de demain.
Dans un autre style, DMPP, dont le 7e numéro est sorti également en janvier, mêle bandes dessinées et pages rédactionnelles. On retiendra notamment la fantaisie coquine de Joko (Juliette en juillet) ou le reportage dessiné de Viktoria Lomasko et Anton Nikolaïev lors d’un procès d’un critique d’art et d’un directeur de musée, organisateurs d’une exposition qui avaient choqué une organisation orthodoxe conservatrice. On piochera aussi des idées de lectures dans la longue sélection de bandes dessinées réalisée par Arsenic Brasilia et Alexandre Balcaen. Mais c’est surtout l’interview du Finlandais Matti Hagelberg qui retient l’attention. Réalisé par email, cet entretien fleuve éclaire l’oeuvre de l’auteur de Holmenkollen ou Le Sultan de Vénus (parus à L’Association), ses inspirations, sa méthode de travail (la carte à gratter au premier chef). Parmi ses influences, Matti Hagelberg cite en vrac la Bible, la revue Raw, Raymond Carver, Verdi, Tintin ou William Blake. Et on apprend qu’il a participé à la création d’un opéra, une de ses grandes passions. « Je pense qu’à travers l’opéra, j’ai pris un peu plus conscience que la musique et la bande dessinée (et la littérature, la peinture, etc.) ont énormément de choses en commun. Tous ces arts traitent de la composition. Des proportions des masses avec d’autres masses. (…) J’ai beaucoup appris sur la narration grâce à la musique. Cela opère sur tous ces niveaux complexes de temps et d’espace, et utilise tout ce prisme de chemins pour construire une sensation ou quoi que ce soit d’autre. C’est cet aspect spatial qui m’intéresse dans tous les arts. »
Pour se plonger dans le présent fascinant et le futur curieux de la bande dessinée alternative, demandez donc ces revues à votre libraire !
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Turkey Comix #19.
Collectif, The Hoochie Coochie, 15 €.
DMPP #7.
Collectif, The Hoochie Coochie, 15 €.
Plus d’infos sur le site de l’éditeur.
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