Doggybags #1 ****
Par Guillaume Singelin, Florent Maudoux et Run. Ankama, 13,90 €, le 10 février 2011.
Une histoire d’amour tordue chez des bikers loups-garous. Un règlement de comptes au coeur des gangs de Hong Kong. Et la sordide cavale dans le désert d’un braqueur raté. Voici les trois pitchs de ce premier volume de Doggybags, recueil 100% série B, brillant hommage au cinéma d’exploitation et aux vieux comics d’horreur.
(cliquez sur les vignettes pour voir les planches en grand)
À la sortie du tome 3 de Mutafukaz, on avait déjà comparé Run à Quentin Tarantino, dans le sens où le second a réussi à porter des genres mineurs au sommet du 7e art, et que le premier suivait la même voix dans la bande dessinée. Ce nouveau projet confirme cette démarche et sa réussite, puisqu’il rassemble trois histoires de genre (fantastique, gangster, horreur pure) brossée avec un sérieux et une sincérité à toute épreuve.En effet, ce n’est pas parce qu’on raconte des choses ahurissantes qu’on doit le faire par dessus la jambe.
Guillaume Singelin (King David, Pills) réalise peut-être, avec sa love-story chez des motards lycanthropes, son plus beau récit à ce jour. Avec classe, il joue avec les cadrages, les regards, l’alternance entre temps morts et séquences spectaculaires, et se réserve une belle chute. Florent Maudoux produit un mini spin-off de sa série Freak’s Squeele, en racontant un épisode de la vie de la mère de son héroïne Xiong Mao.Bourré d’énergie, d’humour et de références au cinéma de Hong Kong, son chapitre est doté d’un dessin ultra détaillé, sexy et sans faiblesse, qui porte le style réaliste à des hauteurs de dynamisme et de spontanéité rarement atteintes.
Enfin, le parrain de l’ouvrage, directeur de collection et grand frère de toute la nouvelle génération d’auteurs Ankama, Run se paie un voyage dans le monde délicieux et un peu suranné des comics horrifiques. Son Mort ou vif met en scène un motard de la police à la poursuite d’un braqueur-tueur à la petite semaine, duel qui va tourner au vinaigre sous le soleil brûlant du désert d’Arizona. Parfaitement calibré, absurde à souhait, dégoulinant juste ce qu’il faut et bénéficiant d’une chute rappelant les meilleurs Contes de la crypte, son récit clôt brillamment un recueil léché et péchu, qui ravira à coup sûr les amateurs de sensations fortes. Et qui prouve, s’il en était besoin, que Run, en tant qu’auteur et éditeur, sait parfaitement ce qu’il fait, et que la bande dessinée devra compter sur lui pour les années à venir.
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