Dolor **
Par Catel et Philippe Paringaux. Casterman, 17 €, le 3 mars 2010.
Une belle brune de journaliste, spécialisée dans les faits divers, enterre son père sans une larme dans un cimetière de Saint-Ouen. Un salaud alcoolique qui les a laissées tomber, sa mère et elle, alors qu’elle n’était qu’une petite fille. Mais elle n’en a pas fini avec son paternel : à partir de son journal intime, elle va remonter le fil d’une histoire glauque, impliquant des truands de la Côte d’Azur, des résistants de la Seconde Guerre mondiale et une actrice déchue…
C’est une histoire en rose et noir que nous proposent Catel et Paringaux, un polar romantique, douloureux et sensible. Ils partent sur les traces de la comédienne Mireille Balin, star aux côtés de Gabin dans Gueule d’amour, et persécutée à la Libération car elle était tombée amoureuse d’un Allemand. Les deux auteurs brodent un drame familial autour de cette histoire vraie et effrayante, mais, hélas, peinent à emporter le lecteur. En effet, l’ombre de Loustal plane sur ce one-shot, mais plutôt comme un fardeau que comme une bénédiction. Ainsi, la plume noire de Paringaux, si incisive dans ses collaborations avec le dessinateur (Le Sang des voyous, Barney et la note bleue…), perd de sa puissance au contact d’un récit dilué dans l’eau de rose. Et le dessin de Catel (Kiki de Montparnasse) tente de marcher dans les pas de Loustal sans jamais le rattraper; des poses maladroites et une mise en couleurs manquant de sobriété font perdre de la consistance à un univers qu’on aurait aimé soit résolument sombre, soit carrément plus romantique. Cet entre-deux ne fonctionne pas sur la longueur et si Dolor n’est pas un complet échec, il est tout de même une vraie déception.
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