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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | November 2, 2024















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Dominique Véret, à l’aube d’une nouvelle ère

31 mars 2014 |

Dominique_Veret_Angouleme_2014_BoDoiOn ne présente plus le vétéran Dominique Véret, fondateur des éditions Tonkam et de la société Akata. Ancien label affilié à Delcourt, Akata se lance désormais dans l’édition à part entière et souhaite s’ouvrir à d’autres cultures, après avoir acquis une forte expérience de la BD japonaise. «Aujourd’hui, nous souhaitons éditer 60% de manga et un peu de titres coréens [Moi, jardinier citadin], taïwanais [Seediq Bale], d’autres pays, et de la création française [Les Torches d’Arkylon]… De la bande dessinée en général». Rencontre, à l’aube d’une nouvelle ère, avec un éditeur souhaitant œuvrer pour un monde plus vivable et respectueux de la nature.

Quels sont les enjeux et le programme de l’année 2014 ?

Ne pas mourir ! Gagner ! Parce que nous venons de quitter Delcourt, parce que nous devenons éditeur, avec le défi que cela représente. Seediq Bale et Moi, jardinier citadin sont deux gros livres cartonnés à 23 et 21 €, donc des investissements importants et des paris éditoriaux osés. Notre troisième titre, Les Torches d’Arkylon – un shônen/nouvelle BD à la française –, est une expérience éditoriale avec Michaël Almodovar, un jeune dessinateur talentueux, totalement inconnu. D’un point de vue commercial, ces trois projets sont ce qu’il ne fallait surtout pas faire pour nos débuts en tant qu’éditeur ! La logique aurait voulu que nous sortions d’abord des mangas mais cela nous a été totalement impossible, pour des raisons précises. Nous pourrons y revenir à partir du deuxième trimestre, avec trois shôjos [ndlr: Journal d’une fangirl, Bienvenue au club et un titre encore non annoncé] puis du shônen. C’est donc une année à haut risque, pour nous, parce qu’il va falloir faire preuve d’une grande maitrise économique et qu’il y a deux élections au premier semestre en France, que l’ambiance dans la société est infecte et que le commerce ne tourne pas rond. Nous pourrions avoir signé le dernier Akira Toriyama que cela resterait une année risquée. Mais cela se dégagera quand même pour nous à partir de juillet.

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Comment faire, dès lors, pour surnager parmi l’océan d’éditeurs ?

Il suffit d’y croire à fond et de travailler sans relâche. De réfléchir à des stratégies originales… Nous comptons un peu sur la notoriété que nous avons acquise, ainsi que sur notre expérience dans la BD. Nous travaillons six jours sur sept, à fond la caisse, en crachant notre stress dans la campagne. C’est de l’ultra combativité, donc, et nous apprenons à réunir nos talents personnels et notre connaissance du métier pour le choix des livres, des traducteurs, de l’adaptation graphique, du marketing, de l’impression, etc. Tout en apprenant beaucoup de nouvelles choses.

Dominique_Veret_jardinier1Vous parliez de livres coûteux et cartonnés. Avant de revenir à des oeuvres plus populaires, donc ?

Oui, bien entendu. Et là, nous allons surprendre, nous affirmer dans le paysage manga. Pour l’instant, nous ne pouvions pas commencer par autre chose que du « difficile ». Pas seulement par goût des œuvres ayant de l’originalité… Il y a quelques années, nous avions pu commencer auprès des éditions Delcourt avec Nana, qui était à la fois très populaire – au top 10 de la BD pour filles – et très intéressant d’un point de vue d’auteur. Même chose pour Fruits Basket, que nous avions porté car c’était une très belle œuvre, ou Switch Girl !! qui reste encore le shôjo marrant et pas con qui se vend le mieux actuellement. Donc, si nous trouvons des équivalents actuels dans le shôjo ou le shônen, nous n’allons bien évidemment pas nous en priver. Quoi qu’il en soit nous souhaitons rester dans du qualitatif, des titres qui ont du fond, ce qui n’est pas incompatible avec le top ten. Seediq Bale, Moi, jardinier citadin, et d’autres à venir, expriment un niveau élevé de conscience sociétale. Nous vivons à la campagne, loin d’une grande ville, et d’autres visions culturelles s’installent à l’écart de celles plus officielles qui viennent de Paris et sa culture bobo branchée.

N’avez-vous pas peur de vous éloigner du public de Nana, justement ?

Nous allons revenir naturellement vers ce public. Dans l’immédiat, les œuvres que nous venons de publier s’adressent plus à un public BD. Pour ma part, je me suis mis à fond dans le manga au début des années 1990, mais j’ai commencé à travailler dans l’univers du franco-belge à partir de 1976. Je lis de la BD franco-belge depuis l’âge de 5 ans – j’en ai 58. Et j’ai été libraire. Les gens connaissent mon travail à travers l’édition de mangas, certes, mais je suis attentif aussi à ce qui se passe dans le franco-belge. Et un tout petit peu aux comics. Nous sommes capables d’éditer des titres pour tous les types de lectorats, y compris pour le public manga, que nous allons conserver, car c’est une culture qui est en nous, de toute façon. Et qu’il reste beaucoup de choses très intéressantes à faire.

Vous allez donc avoir l’opportunité de publier des titres que vous ne pouviez pas sortir, à l’époque de Delcourt ?

Là, vraiment, c’est « total plaisir » ! Nous allons avoir, au fil des mois, la possibilité de pousser encore plus loin ce qui a pu faire notre originalité éditoriale.

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Quelles leçons avez-vous tirées de votre expérience avec Delcourt ?

J’en ai retiré des savoirs-faires professionnels, et j’y ai rencontré des personnes vraiment sympathiques. Pour le reste, j’en parlerai dans un an ou deux [rires]. Pour l’instant, c’est trop frais.

Y a-t-il des séries encore non annoncées, dont les droits ont été acquis avant la scission, qui resteront chez Delcourt ?

Oui, il y en a beaucoup… Probablement toutes les nouveautés de 2014, peut-être même plus ?

Dominique_Veret_seediq2Cela vous irrite-t-il ?

Non. Et de toute façon, comme Monsieur Delcourt est respectueux des règles de la profession, notre travail pour ce catalogue – plus de 1000 bouquins – nous sera encore honoré pendant quelques années. Après, quelle sera la gestion du fond de catalogue manga des éditions Delcourt ? Je pense que beaucoup de titres n’ont pas été compris au moment de leur parution. Ils pourraient être relancés et rencontrer leurs lecteurs, d’autant plus qu’un public manga plus adulte a fait son apparition, avec les années. Les ventes de Coq de combat pourraient être encore meilleures, par exemple, ou celles d’Une sacrée mamie qui est encore relativement inconnu malgré son succès. Et avec ce qu’il se passe actuellement, entre l’accaparement de la génétique, les OGM, le religieux fanatique… il serait opportun de ressortir un titre comme Inugami. Ou Tajikarao ou Les Fils de la Terre… Il y a de quoi régénérer ce catalogue.

Pensez-vous que la BD puisse faire bouger les lignes, sensibiliser le lectorat sur des problématiques ? Avez-vous rencontré des lecteurs dont le regard sur le monde a changé suite à l’une de vos parutions ?

Dominique_Veret_jardinier-couv1Certains nous l’ont dit, oui. Nous n’avons fait que perpétuer une raison d’être assez ordinaire pour un éditeur… Pour ma part, j’ai été très marqué par la BD des années 1970. Quand Margerin dessinait, au début, ses bandes dessinées et ses lecteurs, c’était du ping-pong. Qui reflétait l’autre ? Quand tu lisais Druillet, tu avais bouffé autant d’acide que lui ! J’ai grandi avec une BD sociétale contestataire, exprimant ce que vivait la génération de l’époque. Une vraie contre-culture qui dérangeait, fonctionnait avec les messages du rock, d’une certaine littérature, avec certains films et une conscience politique. Cela a permis de repousser les murs et de presque arriver à passer dans un autre monde… Les hommes en noir ont bien flippé et ont repris le contrôle… Désormais, cette énergie a presque totalement disparu: d’une manière globale, la BD est un pur produit de consommation courante, très politiquement correct, elle sert à faire oublier le présent dans ce qu’il a de pesant et de flippant, et ne fait mouiller la chemise qu’à très peu de gens. Chez Akata, nous sommes un peu éditeur à l’ancienne, et je peux passer pour un ringard mais la fonction des éditeurs est pour moi éducative : il y a les parents, les profs… puis l’éditeur, quelque part. Nous ne sommes pas là pour donner dans la moralité mais à moins que l’homme veuille tout détruire, on n’échappera jamais à la nature et à ses expressions traditionnelles. Notre catalogue peut se construire en déconnant, comme Coluche, qui avec le recul peut être considéré comme un grand moraliste.

Mais des titres « éducatifs » sont économiquement compliqués à publier…

Le problème de notre époque est qu’il y a trop de consommateurs, cherchant en majorité de « l’entertainment ». Ils n’arrivent plus à prendre du recul pour pouvoir réfléchir, et il est catastrophique que la meilleure vente de l’année 2013 soit Astérix, par exemple, après la tragédie de Fukushima. Je préférerais qu’une BD sur cette catastrophe existe et se vende mieux qu’Astérix: cela prouverait que la bande dessinée, que le livre continuent de jouer un vrai rôle. Les titres qui invitent à se questionner ne sont pas ou peu rentables et ne sont pas soutenus avec virulence par les médias : pour bouffer, il faut éditer Le Journal de Mickey, reprendre Blake et Mortimer, continuer Astérix et publier des mangas qui font du chiffre… La BD doit inventer le futur chirurgicalement, faire évoluer les choses en fouillant dans la merde, en proposant de la lucidité pour soigner les peurs. Mais dans le contexte actuel, parler de ce genre de choses, c’est comme pisser dans un violon ! Tu passes pour un malade mental. Et c’est en grande partie de la faute des lecteurs… parce qu’ils ne veulent pas sortir de leur rôle de consommateurs, devenir les acteurs de leur vraie vie. Les artistes qui osent l’être à fond finiront par avoir des vies risquées et se faire embastiller, à cause d’eux !

Il n’y a pourtant pas de mal à lire du divertissement, à côté de titres plus « conscientisants ».

Bien entendu, c’est nécessaire, et jamais nous ne condamnerons la légèreté… Nous avons publié Moi, jardinier citadin accompagné de textes [sur l’agriculture biologique, sur l’écologie] car l’ensemble concerne des réalités qui font bouger du monde. Je ne compte pas trop sur les amateurs de manga, ni sur la majorité des lecteurs de BD franco-belge pour que ce bouquin soit un succès. Pourtant, ce genre de BD peut faire basculer la vie de beaucoup de lecteurs, en rigolant, car c’est pétillant et divertissant. On peut dire, d’une manière qui va sembler excessive, que cette BD peut faire rater le rendez-vous avec notre cancer. Pas mal, non ?

moi-jardinier-citadin-1-plancheJustement, Moi, jardinier citadin donne envie de s’essayer à la culture des légumes.

Et c’est pour cela qu’on l’a publié ! C’est de l’amour et un vrai livre, une vraie BD. Tu le lis et après, tu touches la terre et parles à tes voisins. C’est comme un livre sacré, il sert à rappeler qu’on est relié… Mais pour pouvoir rentabiliser Moi, jardinier citadin, nous devons communiquer au maximum avec Rustica ou avec l’éditeur d’ouvrages écologiques Terre Vivante, pour qu’ils écrivent des articles dans leur revue. Il faut que les BD de ce genre soient présentes dans des endroits comme Gamm Vert ou Nature et Découvertes, pour les rentabiliser et qu’ainsi quelques jeunes puissent profiter du message en les découvrant dans un rayon manga. Si nous comptions uniquement sur les consommateurs de BD pour pouvoir vivre de ce genre de livre, ce serait mort d’avance pour Akata.

À ce propos, peut-on appliquer les conseils pratiques de Moi, jardinier citadin à un climat européen et à des légumes d’ici ?

A priori, oui. Ce livre présente des légumes cultivés en Corée qu’on trouve en Europe, et d’autres spécifiques à ce pays. Je pense que cela vaut le coup d’expérimenter ! Ce serait amusant, d’implanter certains légumes coréens dans nos jardins, et si le bouquin fait naître ce genre d’envie, alors peut-être aura-t-il rempli l’un de ses rôles. Par ailleurs, le traducteur de Moi, jardinier citadin est rentré de Corée et il organise actuellement un passage de savoir-faire entre Bretons et Coréens sur des techniques pour récolter, conserver et transformer certaines algues. Ce qui est intéressant pour les personnes impliquées dans l’alimentation biologique ou la santé au naturel.

Comment découvrez-vous de nouveaux auteurs asiatiques, comme Row-long Chiu (Seediq Bale) ?

Dominique_Veret_seediqAu feeling ! Le Festival d’Angoulême proposait un espace spécial Taïwan en 2012, et c’est en visitant l’exposition que nous avons découvert, Bruno Pham et moi, Seediq Bale. Des écrans diffusaient la bande-annonce d’un film sur la révolte des aborigènes de Taïwan en 1930. Les scènes de combats et la détermination des Seediq étaient énormes, et comme je suis sensibilisé aux cultures amérindiennes depuis l’adolescence, ce film m’a sauté à la gueule. Nous avons alors cherché la BD dont ce film était l’adaptation et nous avons décidé, immédiatement, de la publier. Nous savions qu’avec ce titre, nous allions pouvoir parler indirectement des peuples premiers, en plus d’une période de l’histoire de Taïwan et de son occupation japonaise au début du XXe siècle. Seediq Bale et Moi, jardinier citadin sont très complémentaires : la sensibilité à la nature qu’on peut retrouver et développer en pratiquant le jardinage peut être surmultipliée en côtoyant les peuples premiers, en participant à certaines de leurs pratiques. Ils sont nos grands-parents, et portent en eux la mémoire des connaissances que nous avons reniées et rejetées. On lit quelque chose comme « les derniers seront les premiers » dans l’un des évangiles… C’est un message que nous évoquons avec nos deux premières BD. Elles ne sont pas encore lues par un public important, malgré leur force, mais cela va venir… Les personnes qui doivent être touchées par ces livres, le seront de toute façon.

Que pensez-vous de l’édition numérique, que cela soit d’un point de vue économique ou écologique ?

Pour ce qui est de la transmission des informations par ondes, dont on a besoin à un moment ou un autre dans l’édition numérique, c’est écologiquement de la merde. TV, radio, portables, Wi-Fi, télécommandes : en moins de 50 ans, la planète s’est trouvée saturée d’ondes, et ce n’est pas fini. En ce moment même, au milieu de l’Amazonie, des gens sont connectés via Wi-Fi. Nous vivons de plus en plus dans un micro-ondes et les tumeurs à venir sont garanties ! Les personnes qui s’en sortiront le mieux sont celles qui ont certaines pratiques énergétiques, méditatives, alimentaires, car elles savent se recharger en permanence. Avec le McDo, le Wi-Fi, les vaccins, le stress, les conneries qu’on lui a apprises, les espérances de vie de la nouvelle génération ne seront pas terribles. Plus besoin de la guerre… Donc, le livre numérique, c’est bien pour faire circuler des fictions qui expliquent que tout cela n’est pas génial.

Dominique_Veret_akata_capAbattre les arbres serait donc moins pire, pour vous, que le numérique.

Que le numérique transmis massivement par onde, sans aucun doute. Il y a des possibilités de fabriquer du papier à partir de l’entretien des forêts, qui ne sont pas exploitées pour des raisons économiques… Les savoirs écologiques sont aussi des savoirs scientifiques, utilisés pour des applications plus morales, sociales et respectueuses de la nature. Le problème n’est pas la science, mais la « science sans conscience » et la relation à l’argent. Par exemple, lorsqu’on découvre le principe actif médicinal du tilleul, on l’isole puis on choisit de le reproduire de manière synthétique : pourquoi ? C’est moins cher que de payer des paysans pour cueillir le tilleul ! Or, il y a des compromis, des accumulations du synthétique et du chimique, dans nos organismes, qui sont explosives. Quand je dis, pour vous effrayer, et pour faire réagir que vous allez tous crever rapidement – ce qui risque d’être vrai pour beaucoup de monde car les corps sont saturés de saloperies –, cela pourrait changer rapidement. Maintenant, on trouve des gens très pointus dans les différentes médecines naturelles qui existent légalement en France. Beaucoup de techniques pour nettoyer le corps et l’esprit existent, mais pour l’instant nous sommes dirigés par des empoisonneurs.

Dominique_Veret_torchesQuelle est la pertinence des Torches d’Arkylon dans votre politique éditoriale ? Il est étonnant de vous voir sortir de la fantasy, qui plus est sur Internet !

Akata, ce n’est pas que moi. Je travaille avec Bruno et mon fils Nagy, et ce sont eux qui ont le plus impulsé le projet des Torches d’Arkylon. C’est un très bon projet, avec un jeune auteur très intéressant, très doué, dont on pourra vérifier au fil des volumes qu’il a vraiment des choses à raconter. Ils sont tous jeunes, et pour eux je suis parfois un vieux con ! Nul n’est prophète en son pays, comme on dit ! Ce qui me gène avec les moyens de communication actuels est l’utilisation incontrôlée des ondes. Après, le mal peut également servir, le négatif peut amener du positif. Les Torches, c’est de la fantasy, qui est un genre qui ne m’attire pas, mais je sais que cela ira plus loin, que cela racontera quelque chose de plus pertinent qu’il n’y parait de prime abord. Nous avons l’intention de continuer à nous investir dans la création et Les Torches d’Arkylon est notre première expérience en la matière.

Pourquoi cette décision de le publier gratuitement avant la sortie papier, qui plus est sur un site de jeu vidéo ?

C’est une idée de Bruno, qui est très intéressé par l’évolution de la présence de la BD sur Internet. Pour lui, oser offrir la lecture en ligne du premier volume profitera au titre, à son lancement. Cela ne devrait pas gêner les ventes du tome en librairie et, au moins, beaucoup de monde en aura déjà entendu parler. Je fais confiance aux jeunes, à leur âge j’étais à fond dans la culture rock et quelqu’un de 50 berges n’aurait pas tout capté non plus. Pour le reste, Nagy et Bruno sont tous les deux des « otaks » de jeu vidéo, que voulez-vous que je leur dise ?! Bon, l’un des deux s’est mis en couple et devient moins otak’, c’est bien ! Tout le monde avance, tout le monde grandit, il faut laisser vivre !

Dominique_Veret_traqueDernièrement, quelles sont les œuvres qui vous ont marqué et que vous souhaiteriez conseiller ?

J’ai vraiment adoré La Légende de la Femme-Louve (Cheveux de feu et Traque sauvage) de Sylvie Wolfs, deux romans qui suivent une  héroïne au tempérament incroyable. C’est du western « chamanique » imprégné de culture amérindienne, sauvage, brutal, mais il s’agit de la vie d’une époque et d’une imprégnation du magique. Sylvie Wolfs est publiée chez un petit éditeur (Lokomodo) qui publie de la vraie littérature populaire, comme au XIXe siècle. Elle pourrait être une grande auteur, capable de réveiller nos vieilles mémoires, et mérite d’être totalement encouragée pour augmenter les chances de lire la suite de sa saga. Pourtant, le roman de western n’était pas du tout ma tasse de thé… Surprenant donc, pour moi, d’avoir enchaîné avec L’Hiver du feu sacré de Joseph Marshall III, qui est un Sioux Brûlé. Ce roman traite de la disparition du guerrier, lorsque l’homme blanc a commencé à envahir les États-Unis et a introduit les armes à feu dans la culture amérindienne, tuant à distance, avec facilité, complètement déresponsabilisé de ses actes et coupé de la nature. L’auteur nous fait connaître la culture de ses ancêtres avec précision, et l’humanité des Lakotas nous rend perplexe quant à la minceur de la nôtre. J’aime aussi lire Alain Daniélou : je viens de finir Yoga, Kâma : le corps est un temple. Le sexe et le sacré. Pour revenir aux Améridiens, j’ai lu deux ouvrages sur Géronimo, homme-médecine et guerrier Apache qui est un personnage historique apprécié, ou décrié pour sa cruauté guerrière, mais dont le radicalisme a permis à la culture apache d’être toujours vivante aujourd’hui. Sa vie ferait une bonne BD mais n’importe qui ne pourrait pas la réaliser, autrement cela serait absolument sans intérêt. J’y pense…

alice-in-borderland_06Autrement, en manga, j’ai aimé Dr.DMAT sur les médecins urgentistes, et Bride Stories. Chez Delcourt, je trouve qu’Alice in Borderland est excellent, c’est un bon shônen qui apprend aux jeunes à ne pas avoir peur de mourir.

Aimeriez-vous éditer de la BD venant d’autres régions du monde ? De pays d’Afrique, par exemple…

Oui. J’aimerais que nous adaptions un roman autobiographique sur une expérience de vie chez les Brahmanes, en Inde, au milieu du XXe siècle. C’était une expérience assez rare pour un occidental et encore plus pour une femme. Je vois bien avec quel dessinateur cela serait possible et nous pourrions disposer de beaucoup d’informations, par l’intermédiaire d’amis Hindous, pour pouvoir reconstituer graphiquement et culturellement cette époque. Nous espérons pouvoir nous lancer dans des projets audacieux de ce genre dès que possible.

Propos recueillis par Fred A. au 41e Festival d’Angoulême.

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Moi, jardinier citadin.
Par Min-ho Choi.
Akata, 21,50€, 2 tomes.

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Images : Akata
Photo © Fred A.

Commentaires

  1. Entretien très intéressant, j’adore lire Dominique Véret même si je ne suis pas toujours d’accord.

    Et en tant que professionnel de santé, j’aimerais apporter quelques précisions. Déjà, les vaccins sont issus de techniques ancestrales venues d’Inde et de Chine, et il a fallu attendre Edward Jenner au XVIIIème Siècle pour que l’Occident s’en aperçoive ; je suppose que cela devrait lui parler. Ensuite, concernant le tilleul et d’autres dérivés de plante, les raisons ne sont pas uniquement économiques : l’extraction des produits utilisés en pharmaceutique risque d’entrainer avec elle des impuretés – car il ne faut pas croire que tout ce qui provienne de la nature soit bon pour l’homme – et la concentration de ces produits, dans la plante, change en fonction des saisons, du terrain, des conditions climatiques, etc… Ce qui en fait une science des plus inexactes. Sans parler des moments de l’année où aucune récolte n’est tout simplement pas possible. Avec la synthèse chimique, il devient plus aisé de produire une quantité constante d’un produit pur.

  2. Je tombe par hasard sur cet article. MERCI monsieur Véret…

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