Don Vega
La Californie du milieu du XIXe siècle est un Eldorado trompeur : ses mines regorgent d’or, mais à la surface, c’est un véritable enfer. Les grands propriétaires blancs se partagent les possessions abandonnées par les Mexicains qui ont perdu la guerre, et spolient tout ce qu’il reste. Don Vega, héritier d’une riche famille locale, apprend la mort « accidentelle » de ses parents alors qu’il étudie en Espagne. Il rentre au pays et découvre la misère des mineurs et des petites gens exploitées par les seigneurs modernes. Mais dans la nuit, un vengeur masqué veille et entretient l’espoir du peuple : le Zorro.
Dépoussiérer le feuilleton populaire Zorro, né en roman dans l’entre-deux-guerres, puis figé dans le temps par la série télévisée Disney, voilà un sacré défi. Formidablement relevé par Pierre Alary (Mon traître, Silas Corey, Sinbad, Moby Dick…), qui construit une intrigue limpide et efficace, dont le héros reste en permanence tapi dans l’ombre. C’est là l’idée brillante de ce one-shot : montrer comment une idée, un mythe, celui d’un Robin des bois californien, entretenu par les gamins et les ouvriers martyrisés, peut faire naître un vrai héros, qui sera incarné par le courageux Don Vega. Avec son scénario habilement construit, rythmé par des flash-back ciselés, et un design faisant le choix de grandes cases cinématographiques, à la ligne énergique et aux couleurs sobres servant essentiellement à poser les ambiances, l’album fait oublier le kitsch de la série TV tout en redonnant un peu du plaisir d’enfance. Des BD d’aventure aussi soignées, il n’y en a plus beaucoup. Et celle-là fait bien mieux que de titiller la fibre nostalgique : elle fait surgir un cavalier hors de la nuit, et c’est un large public, ados et adultes, qui pourra lui courir après au galop.
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