Dracula
On connaît l’histoire, au moins approximativement : le comte Dracula fait venir un juriste londonien dans son château des Carpates pour finaliser l’achat de propriétés en Angleterre. Un piège : l’étrange aristocrate au teint cadavérique et qui ne sort que la nuit se révèle être un vampire, se nourrissant de sang humain et capable de se transformer en loup ou en chauve-souris. Dracula réussit ensuite à gagner l’Angleterre par bateau et tente d’y installer son règne de terreur…
Le vétéran Georges Bess, 72 ans, propose ici une adaptation fidèle mais impressionnante du classique de Bram Stoker. L’occasion pour le dessinateur de Juan Solo ou du Lama blanc de laisser éclater son immense talent de dessinateur, au sein de planches ou de doubles-pages à la mise en scène vertigineuse et au noir et blanc d’une grande puissance évocatrice. Il joue avec malice du noir, qui noie parfois la page, ou se fait brumeux comme un rêve terrifiant, ou souligne par ses ombres les traits hideux des créatures de la nuit. Il gratte des hachures douloureuses sur les rides du chasseur de vampires Van Helsing, préfère la fluidité pour dessiner le cou gracile des jeunes femmes victimes du Nosferatu, imagine une architecture qui rend fou. Surtout, dans un style évoquant la BD américaine horrifique (cf Bernie Wrightson entre autres), il donne corps à un roman trop souvent caricaturé : son Dracula n’a rien de romantique, de sexy ou d’évanescent, c’est un monstre sanguinaire immonde, une bête à abattre qui sème la folie partout où il passe. Du gothique flamboyant.
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