Dragman
August n’avait jamais pensé devenir un super-héros. Il voulait juste être lui-même. Et être lui-même implique de porter des vêtements de femme. Or, en se travestissant, il se rend compte qu’il peut voler, qu’il a des super-pouvoirs ! Mais est-ce bien compatible avec une vie de famille ? Et est-ce que les autres super-héros, bien virils dans leur costume moulant, voudront bien l’accueillir dans leur club ?
Dans un monde où les pauvres travailleurs sont condamnés à vendre leur âme pour se payer un écran plat, y a-t-il encore un espoir ? Oui, veut croire Steven Appleby, qui offre une version bien personnelle de la désormais classique tragédie des super-héros en crise existentielle. Comme si les Watchmen connaissaient un remake par Posy Simmonds ou Andi Watson, et que leur mission du jour consistait à la fois à rendre du bonheur à un vieux copain et changer les couches du petit dernier. Le tout sous-tendu par un fond sérieux, évoquant la transphobie et les agressions associées. Portant lui-même des vêtements féminins depuis longtemps, l’illustrateur britannique développe une intrigue touffue oscillant entre la gentille parodie et le polar doux-amer, portée par un dessin au charme sans âge, so british. Toutefois, malgré des personnages bien campés et un sens de l’humour délicieux, son scénario patine trop souvent, manque son démarrage, aligne trop de flash-backs et saborde un peu ses méchants. Il faut passer le premier tiers (sur plus de 300 pages) pour être vraiment happé, et la suite bien qu’agréable ne deviendra jamais inoubliable. Dragman n’en demeure pas moins original et attachant : car il raconte les super-héros sous un angle inédit, tout en parlant avec finesse du thème de l’acceptation de soi.
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