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Du nouveau côté manga (2/2) : Omaké manga

24 avril 2019 |

Après un focus sur le nouveau label Shibuya Michel Lafon qui se consacrera à la création de bandes dessinées dans le genre manga, nous revenons comme promis sur Omaké manga. Autre vision, autres programmes, mêmes ambitions : se faire une place sur ce marché concurrentiel en prônant la diversité.

Florent GorgesÀ la tête d’Omaké manga, Florent Gorges n’est plus un débutant dans le domaine. Traducteur de mangas depuis plus de 15 ans (plus de 300 tomes traduits à ce jour), il l’affirme lui-même : « Je connais tous les principaux acteurs de cette industrie, avec qui je suis devenu ami. ». Il officie également dans le milieu du jeu vidéo, et après avoir cofondé les éditions Pix’n Love, il s’est lancé seul dans l’aventure d’éditoriale en créant sa propre maison d’édition il y a bientôt 9 ans : Omaké books.

Un développement logique

Dérivée de cette entreprise grandissante, Omaké manga poursuit le chemin logique qu’il avait alors commencé à tracer dès la fin de ses études. « Omaké books se développe bien, progressivement, en douceur, confie-t-il. Nous avançons dans la bonne direction et même si la concurrence est rude, nous trouvons nos marques, la plupart de nos titres trouvent leur place. Nous travaillons désormais avec le distributeur Interforum, le meilleur concernant la distribution de mangas en France. » Le moment semble donc parfait pour envisager d’élargir les horizons.

Omaké books était le deuxième acteur à proposer une ligne éditoriale spécialisée dans l’édition de livres sur les jeux vidéo, et ils sont à présent une dizaine à se partager le marché. Face à ces nouveaux concurrents, qui sont souvent également des poids lourds du manga, Florent Gorges s’est dit qu’il pourrait, lui aussi, aller marcher sur leurs plates-bandes : « Les petites sociétés comme la nôtre doivent se battre pour ne pas se faire bouffer par les grosses. On doit se diversifier, étendre notre offre. Notre approche éditoriale sera la plus mature possible, avec beaucoup de seinen et d’œuvres graphiques fortes. »

Logo Omake manga

 

Rensuke Oshikiri ouvre le bal

Rensuke OshikiriDeux titres sont annoncés pour le moment, d’un même auteur, jusqu’alors inédit en France : Rensuke Oshikiri. « C’est la valeur qui monte au Japon ! Et il risque bien de devenir très connu dans le monde entier. Nous sommes donc fiers d’être les premiers à l’avoir remarqué, avant que les éditeurs français ne s’intéressent qu’à sa toute dernière œuvre, High Score Girl dont l’adaptation animée cartonne sur Netflix », se targue l’éditeur. « Il a un style graphique qui étonne au début, mais on en devient vraiment accro, il a une force d’évocation graphique vraiment hallucinante. »

Le premier titre publié est Bip-bip boy : « C’est l’œuvre pionnière qui a lancé l’auteur. On retrouve beaucoup d’éléments de High Score Girl dans Bip-bip boy, d’ailleurs. Ce que j’ai aimé dans cette œuvre, c’est l’humour vraiment universel et les scènes de vie incroyables« . Après avoir lu ce premier tome, nous ne pouvons que confirmer : l’humour sarcastique et l’autodérision constante dont fait preuve l’auteur fonctionnent bien. Sous un titre geek à souhait, le mangaka raconte son enfance et sa passion précoce pour les jeux vidéo. À bien y réfléchir, il s’agit très certainement là du meilleur titre possible pour lancer Omaké manga. Véritable pont entre ce nouveau label et la maison mère, il saura non seulement plaire aux premiers lecteurs d’Omaké books et il offrira aussi son lot de nostalgie aux gamers qui ont connu les premières consoles et la montée en puissance du jeu vidéo depuis les années 90. BipBipBoy_T1_Cover1Cette autobiographie pourra également parler aux gros lecteurs de mangas, qui ont ceci en commun d’être passionnés et de porter souvent le statut d’otaku (une personne qui consacre une grande partie de son temps à une activité particulièrement exclusive). Pour les autres, il est vrai qu’ils ne se laisseront très certainement pas vraiment charmer, tant le propos est uniquement centré sur ce jeune garçon épris de jeux vidéo… Les références sont nombreuses, et les parties/découvertes/addictions vidéoludiques du héros pourront facilement perdre ou ennuyer ceux qui ne sont pas portés sur le 10e art.

Convaincu des qualités artistiques de Rensuke Oshikiri, l’éditeur double la mise dès le mois de juin 2019 en publiant le premier tome (sur 2) de la série Le Perce neige. L’éditeur annonce un titre choc : « C‘est une œuvre coup de poing, qui devrait vraiment marquer. C’est très violent (violence psychologique et physique) mais la thématique (le harcèlement scolaire), la mise en scène, le côté « vengeance battle royale » ont fait que j’ai été littéralement bluffé. » Plus centré sur le divertissement et reposant sur un genre bien installé sur le marché français, le titre semble pouvoir viser un lectorat plus important que Bip-bip boy. D’ailleurs, adapté au cinéma au Japon, cette série a rencontré le succès et « pourrait même sortir chez nous » ajoute Florent Gorges.

 

Diversification et projection à court terme

Florent Gorges déplore par ailleurs l’uniformisation globale du marché français : « Le genre manga au Japon offre un panel graphique d’une richesse hallucinante ! Pourtant, en France, on constate que les mangas doivent être graphiquement « typés manga » pour qu’ils se vendent un minimum. Il y a plein de genres qui ne se vendent absolument pas ici, car ils sont graphiquement très éloignés des clichés du shonen ou du shojo moderne. » Et s’il avait déjà proposé de nombreux titres aux autres éditeurs avec lesquels il travaille en tant que traducteur, nombre d’entre eux n’ont pas trouvé preneur. « Les éditeurs doivent faire des choix et déjà choisir parmi de nombreuses offres. Parfois, on y croit, parfois on n’y croit pas. Et moi, j’y crois ! »

Sûr de ce qu’il veut apporter au marché et ayant une ligne éditoriale clairement fixée, D3uaL1QWkAEBrBkil déclare que la saturation du marché n’est pas encore arrivée et que son lancement n’effarouche pas la concurrence : « Que j’entre dans la danse ne les inquiète pas vraiment, car au contraire, nous n’aurons pas vraiment les mêmes lignes éditoriales. »

Ainsi, l’éditeur cherchera la diversité en visant principalement un public de geeks et d’adultes : « Nous allons essayer de nous centrer sur le seinen, mais si nous dénichons un excellent shonen, on ne va pas se priver. L’erreur, ce serait de se limiter juste par principe, au lieu de saisir les bonnes occasions quand elles se présentent. Mais nous visons donc un public au-delà de 18 ans. » Alors que pour l’instant seules deux séries sont annoncées, l’éditeur voit une progression importante à court terme : « Nous allons essayer de proposer 2 volumes par mois d’ici à la fin de l’année 2019 et miser dès 2020 sur un minimum de 24 tomes par an. »

Dans les standards de fabrication de mangas, les prix des volumes classiques de l’éditeur « seront compris entre 6,80 € et 8 € ». Exception faite pour les volumes plus épais, comme les 2 tomes du Perce neige (12,99 €) qui contiendront chacun environ 350 pages. Enfin, le rythme de parution suivra généralement lui aussi la norme, soit « une sortie régulière avec 2 mois en moyenne entre deux volumes », tant que le rythme de parution japonais le permettra, évidemment.

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