Dunk
Dans un futur tout proche, le sport est devenu une économie énorme, monstrueuse, plus forte que celle de la drogue. Il est normal alors que tous les regards soient tournés vers le championnat de basket turc, et une de ses stars Steve Moreira. Un joueur puissant et habile, un colosse pas idiot mais mal accompagné. N’ayant pas joué le jeu des paris truqués, il est tabassé et mis plus bas que terre. Saison terminée. Il est peut-être temps de révéler à la presse ce qu’il sait des magouilles locales. C’est sa vie qui est désormais en jeu, alors que dans le même temps un vieux milliardaire l’observe de très près, à son insu…
Adaptant ici en trois tomes son roman éponyme, le journaliste Denis Robert (qui avait déjà donné dans la BD avec L’Affaire des affaires, relatant son enquête et ses déboires autour de Clearstream) propose un thriller scientifico-économico-sportif véritablement palpitant. Avant tout car il est terriblement crédible. S’appuyant sur des faits établis et des projections tout à fait réalistes, il imagine un monde où l’écart entre les riches et les pauvres se creuse de jour en jour, où le pétrole manque, où la corruption fait loi, où la science « augmente » l’homme, où le spectacle sportif est devenu le premier opium du peuple… Un monde finalement si proche du nôtre, la science-fiction n’étant ici qu’un artifice narratif pour se faire un peu peur, et le polar un moteur pour doper l’intrigue. Au dessin, Franck Biancarelli ne paresse pas. Il alterne sans cesse découpage classique et mise en scène cinématographique, ose des compositions originales, joue de son encrage puissant pour montrer les émotions, tout en conservant une distance respectueuse avec son sujet. Le duo d’auteurs propose donc un premier tome parfaitement réussi, trouvant l’équilibre entre feuilleton à suspense et docu-fiction engagé. Le seul petit défaut est peut-être d’avoir placé un joueur de basket en couverture, risquant de détourner les plus réfractaires au monde sport de cette belle série qui s’annonce.