« Dures à cuire », un vrai manifeste féministe
Dans Dures à cuire signé de l’Allemand Till Lukat, il est question d’histoire mais aussi et surtout de femmes marquantes dont les portraits sont brossés sur le ton de l’humour léger, à travers des anecdotes évocatrices toujours contées sur le même schéma : page de gauche une illustration de la dame, page de droite, quatre ou cinq cases pour croquer un moment significatif de son destin, souligné d’une brève biographie.
Le lecteur voyage à travers le temps, l’espace et s’amuse de retrouver quelques figures bien célèbres : Cléopâtre, Ann Boney, Ma Barker, Frida Kahlo, Rosa Parks ou Marie Curie. Il en découvre aussi bien d’autres : Beate Uhse, pilote enrôlée dans l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale et surtout connue pour avoir ouvert le premier sex-shop au monde. Ou encore Katie Piper, mannequin défigurée, et Margaret Hamilton, pionnière des sciences informatiques à la NASA. En tout, environ soixante-dix portraits de femmes (25 inédits dans l’édition française) aux caractères bien trempés – artistes, franc-tireuses, célébrités, anonymes – qui ont toutes su d’une manière ou d’une autre affirmer leur liberté.
Le résultat est étonnant et divertissant, avec tout de même une petite bizarrerie : pour éviter la monotonie d’une trame simplement chronologique, les séquences sont coupées par des intermèdes historiques (Qu’est-ce que le babisme ? Qu’est-ce qu’une diligence ? Qu’est-ce que le sida ?) qui ont pour fonction de replacer « les fiches » dans leur contexte. Choix surprenant, pas toujours cohérent. Côté graphisme, un trait au service du message, globalement minimaliste avec une bichromie répétitive. Pas désagréable, il n’est pas non plus l’atout majeur du livre.
Dures à cuire, qui souffre un peu d’un effet catalogue finalement, demeure toutefois instructif et amusant. À déguster par petites touches.
Cambourakis, 15 €, février 2016.
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