Éclats
Un Hollandais, Victor, se recueille sur la tombe de son meilleur ami, Chris, mort voilà six ans pendant l’invasion allemande de mai 1940. Il croise alors son ex-fiancée, Esther, et décide de tout lui raconter : la mobilisation, les salauds de boches, l’Occupation, l’amer goût de la défaite, la lâcheté des uns, la peur des autres…
Tout semblait réuni pour un intéressant moment de lecture : un graphisme stylé, un sujet historique attirant – le Blietzkrieg vu côté hollandais –, et des thèmes à même d’être bien traités en BD – la perte des illusions, la mobilisation, la résistance, la guerre comme terreau d’amitié. Oui mais voilà, pas grand-chose ne fonctionne dans cette première partie de diptyque. Ou plutôt tout paraît trop rapide ou trop lent, dissonant ou redondant. Car les dialogues, souvent lapidaires, installent péniblement une ambiance de guerre portée par le regard sombre du personnage principal. Le graphisme, lui, d’abord engageant et élégant quand on feuillette la BD, se révèle page après page raide ou sec, car finalement peu incarné. Tandis que le dispositif, vu et revu – des flashbacks insistants entre présent désabusé et faits de guerre – saccade l’histoire. Bref, on n’entre pas vraiment dans ce récit monotone qui ne trouve jamais son ton ou son rythme et tire autant de bâillements qu’il pouvait susciter d’attentes. C’est bien dommage, toute la matière était là. Mais passer de la réalité (voir la documentation en fin de BD) à la fiction nécessite plus d’originalité dans le traitement pour ne pas ennuyer. Une BD, hélas, sans éclat.
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