Écuyère
Aiza est une jeune fille pleine d’énergie et de rêve, dont celui de partir à l’aventure. Or, dans ce Moyen-Orient médiéval, quelque peu fantasmé, son avenir semble plutôt s’écrire au village et dans des tâches domestiques. Aiza ne voit alors qu’une échappatoire à ce destin morose : tenter de devenir écuyère, puis chevalier, le corps d’élite de l’armée. Et tant pis si elle est petite, peu instruite, et née dans le mauvais clan : elle y arrivera ! Mais ce qu’elle n’avait pas anticipé, c’est la confrontation avec l’absurdité et surtout les horreurs de la guerre…
Récompensée aux États-Unis d’un Harvey Award et estampilé « young adult », ce long roman graphique est finalement accessible dès le collège, car son niveau de violence et la complexité de son intrigue restent modérés. Tant mieux, car cette histoire possède, à défaut d’une trame et de rebondissements très originaux, un souffle romanesque indéniable. Porté par des personnages attachants, le scénario met en avant les thèmes de l’amitié, de l’engagement, de l’émancipation féminine. Et surtout, propose une vision du monde arabe loin de tout cliché : c’est une ambition forte des autrices américaines, d’origine palestinienne et jordanienne, de donner à lire un univers arabique fantasy dénué d’exotisme ou de personnages caricaturaux. Mission réussie : l’univers est convaincant, suffisamment sobre et ample pour offrir de nombreuses pistes, et le dessin est au diapason, tantôt envoûtant, tantôt âpre. Car c’est bien une dénonciation sans équivoque de la guerre qui se joue dans Écuyère : la guerre, ce n’est pas l’aventure, c’est le désespoir. Joli coup.
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