El Chipo
Tout le monde l’a vu sur grand écran, mais personne ne se souvient vraiment dans quel rôle, ni dans quel film. Ni, bien entendu, comme il s’appelle. Pas facile d’être un acteur de composition, capable de jouer une midinette, un GI ou un cyborg, avec un don de mimétisme rare. Car si personne ne vous identifie, vous finissez par n’être qu’un consommable, une grande saucisse lambda comme l’ogre hollywoodien en dévore des tonnes au petit déjeuner… Vous avez dit « saucisse »?
L’idée est saugrenue mais elle surtout savoureuse : un acteur en forme de saucisse, au physique longiligne et aux traits lisses, qui peut incarner n’importe quoi du moment qu’on lui prête les bons accessoires. Exemple : une serpillère jaune sur la tête et une cravate rouge, il vous campera un Trump saisissant ! À partir de cette idée, Witko enchaîne les courtes séquences et les détournements de films, dans une économie de moyens louable et efficace : quatre cases par page et de bonnes blagues à chaque fois. Graphiquement, il oscille avec bonheur dans différents registres, du cartoon à la BD reportage, toujours dans un esprit parodique évoquant le ton de feu la revue Ferraille : totalement loufoque et souvent irrésistible. Il ne manque finalement qu’une trame un peu plus solide et des personnages mieux cernés pour qu’on adhère totalement à ce Chipo-là, et surtout pour que l’album dépasse le simple recueil de gags, pourtant issus d’un éclair de génie. Car au final, la tare principale du personnage – on ne souvient plus vraiment de lui – se retourne contre l’album : on a bien ri, mais on serait bien en peine de dire ce que ça raconte exactement…
Publiez un commentaire