Pour le Festiblog 2009, nous avons voulu vous présenter une blogueuse, un blogueur et une découverte. Il y a deux semaines, la célèbre Diglee racontait son parcours sur BoDoï. Quelques jours plus tard, c’était au tour du talentueux Romain Ronzeau de se dévoiler. Aujourd‘hui, notre découverte-vedette s’appelle Eliascarpe. Ce jeune belge d’une vingtaine d’années blogue depuis un an à peine, d’un coup de crayon impeccable! Avec un dessin très gracieux, il nous fait part de ses réflexions sur la vie, la mort et son colocataire, le tout agrémenté d’un humour nostalgique, rarement vu dans la blogosphère.

D’où est venue le souhait de créer un blog ?
Voir tous les blogueurs que j’aime – Boulet, Monsieur le Chien, Manu-XYZ, Romain Ronzeau – se marrer et se renvoyer la balle m’a donné envie de m’y mettre. Au début, je me suis forcé car il n’est pas facile de montrer ses dessins. Mais le retour des internautes m’a encouragé. J’ai longtemps bossé dans mon coin, sans savoir si ce que je faisais avait de la valeur. C’est très bon pour le moral d’avoir une réponse immédiate sur son travail. Parfois, je poste une note et j’ai à peine le temps de vérifier l’affichage que quelqu’un m’a déjà laissé un commentaire!

Le héros de votre blog vit avec son colocataire, réfléchit à la vie, à la mort, aux refus des éditeurs et se goinfre de Xanax comme d’autres croqueraient des biscuits…
Mais ce n’est pas de moi qu’il s’agit. Je m’inspire de ma vie, mais le héros du blog est devenu un personnage à part entière. Certaines choses sont vraies, mais le plus souvent mes récits sont romancés. D’ailleurs, mon colocataire n’est pas la limace que je montre en ligne. C’était juste amusant de l’opposer à mon personnage, très nerveux.

Au début, vous postiez une par une les pages d’une bande dessinée. Pourquoi ne pas avoir continué?
Il s’agissait d’un projet de BD refusé par tous les éditeurs. Malheureusement, je me suis aperçu que suivre 48 pages sur un blog était beaucoup trop long et contraignant. J’ai donc opté pour des notes plus courtes et légères, comme les internautes les aiment.

D’où vient votre surnom, Éliascarpe ?
De nulle part. Élias est le titre d’une de mes bandes dessinées. Mais il y a des milliers d’Élias sur le web. Alors, pour distinguer mon blog des autres, j’ai voulu ajouté une extension à ce prénom.

Passez-vous beaucoup de temps à préparer vos histoires?
Je rigole toujours quand on me dit que les dessins de mon blog sont soignés, car je passe beaucoup moins de temps dessus que pour une planche destinée à l’édition. Il est vrai que j’ai un côté maniériste, qui me pousse à toujours ajouter plus de détails. Avec le blog, je m’habitue à dessiner plus vite et de manière plus libre.

Quelle a été votre formation?
J’ai commencé des études artistiques dès 14 ans, en choisissant une option art. Puis j’ai intégré une école d’art à Bruxelles pendant quatre ans, que je ne préfère pas cité car elle ne m’a pas été très bénéfique. Dans cette institut, ceux qui souhaitaient dessiner – ou pire, réaliser des bandes dessinées! – passaient pour les rigolos de service. Je n’ai repris au goût au dessin qu’une fois mes études terminées. Je ne pense que cette école était mauvaise en elle-même, mais elle ne me correspondait pas du tout.

Pourquoi avez-vous choisi la bande dessinée?
À 14 ans, je lisais beaucoup de mangas – peu de BD franco-belge à part Astérix et Tintin. Et puis, avec un copain d’école d’art, nous avons commencé une petite bande dessinée ensemble. Ça m’a donné envie de continuer et de devenir dessinateur professionnel. Mais il me faudrait encore travailler pour nourrir mon style. Si l’école d’art à Bruxelles m’a appris quelque chose, c’est la curiosité. Je m’intéresse désormais à des livres et auteurs qui ne m’attirent pas au premier abord. C’est une attitude enrichissante, mais dont on ne prend pas facilement l’habitude. Dernièrement, j’ai vu un père dans une librairie offrir un Lucky Luke à son fils. Pourquoi enfermer son rejeton dans une série vieille de 30 ans, au lieu de le laisser aller à la découverte de nouveaux auteurs?

Quels sont vos projets?
J’ai senti une accélération professionnelle ces derniers temps. J’ai été contacté par une maison d’édition en ligne, Manolosanctis. Ils publient sur le net des bandes dessinées de jeunes auteurs. Ke public et les webmasters élisent leur préférées, qui sont alors éditées sur papier. Je vais  participer au projet Fantasme, parrainé par Pénélope Bagieu. J’envisage aussi un projet avec Monsieur le Chien, qui m’a contacté, mais nous n’en sommes qu’au stade de la discussion pour l’instant.

Combien de visiteurs fréquentent maintenant votre site?
Aujourd’hui, chaque nouvelle note attire mille lecteurs. Quand j’ai débuté, il n’y avait que trois visiteurs: ma mère, moi, et un internaute probablement perdu sur la toile!

Propos recueillis par Allison Reber

> Le blog d’Éliascarpe