Par Didier Poli, Robin Recht, Jean Bastide et Julien Blondel, d’après Michael Moorcock. Glénat, 14,95 €, le 22 mai 2013.

Elric, l’empereur redouté de l’île des Dragons, est né de l’imagination du fantasque britannique Michael Moorcock en 1961, qui lui a notamment consacré un cycle de neuf romans. Dans cette adaptation BD, Yirkoon l’ambitieux cousin d’Elric souhaite que son empereur redonne au monde de Melniboné son éclat d’antan. Mais Elric, malade, n’a pas la force d’entamer un nouveau cycle de conquêtes. À grand renfort de sang de vierges et autres soins palliatifs légers donnés par Cymoril, son aimée, Elric reprend des forces et repart au combat. Mais il se fait surprendre par un ennemi opiniâtre qui le jette à l’eau sous les yeux de Yirkoon, bien heureux de voir la place sur le trône de Rubis se libérer…

Le scénario de Julien Blondel suit les questionnements du héros mythique. La remise en cause de son autorité et de sa puissance l’interroge sur son identité : « Ni humain, ni démon, est-ce donc ce que je suis ? ». Chaque planche développe un peu plus le souffle épique annoncé dès les premières cases. Le cadre se déconstruit pour épouser au mieux les soubresauts de cet empire en pleine décadence. Le dessin de Poli et Recht est dense, notamment les planches consacrées à la bataille navale, grandiloquente. Jean Bastide y ajoute des contrastes qui subliment le poids qui pèse sur les épaules d’Elric et sur tout un royaume. Les afficionados de l’empereur albinos auront entre les mains une adaptation audacieuse des aventures de leur héros. Adaptation adoubée par Moorcock himself, qui la considère comme la plus proche de « sa vision originale ». Donc la meilleure ?

Alexis Gacon

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