Embrasse-moi
Jeune autrice qui signe conjointement avec cette œuvre autobiographique et sa première BD professionnelle et son travail de fin d’étude à l’École supérieure de bande dessinée et d’illustration de Genève, Lidia Mathez se livre et décharge un traumatisme d’enfance qui lui est récemment revenu en mémoire. Enfui dans son subconscient depuis des années, cet événement se matérialisait par un rêve récurrent qui la hantait et qu’elle n’arrivait pas à s’expliquer, mais qui ressurgissait lors de crises d’angoisse et blocages intimes qui ont jusqu’alors parsemé sa vie.
Ouvrage cathartique, témoignage, porte ouverte à la libération de la parole vis-à-vis des violences faites aux enfants et aux abus sexuels, ce livre amène son propos avec une grande délicatesse. Se confiant en toute sincérité sur son cheminement et sur ce qu’elle a subi, l’autrice permet à tout un chacun de mettre le doigt sur un sujet encore tabou, mais bien trop important pour continuer à être tu. Elle met en évidence le caractère insidieux des agressions, des agresseurs, les mécanismes de défense des victimes, la honte qui les envahit, la culpabilité que se mettent à porter les proches au moment de la révélation… mais aussi de la reconstruction et de la vie d’après. Tout n’est pas perdu, loin de là.
Avec un traitement graphique en noir et rose rappelant celui de Rosemary Valero-O’Connell sur Mes ruptures avec Laura Dean, Lidia Mathez se livre avec pudeur et sincérité. Synthétique, juste dans l’émotion, très net graphiquement et totalement accessible dès l’adolescence, cette bande dessinée devrait, on l’espère, notamment grâce à sa simplicité, son intelligibilité immédiate, sa douleur contenue, sa bienveillance et son ton positif appelant à la confidence et l’émancipation, permettre de débloquer des situations similaires et en éviter d’autres.
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