Empire Falls Building
Le jeune architecte Edgard Whitman voit sa jeune carrière s’accélérer d’un coup : il est embauché pour parachever l’un des plus impressionnants immeuble qui soit, l’Empire Falls Building. Une bâtisse vertigineuse, à laquelle se sont attelés plusieurs architectes de renom, apportant chacun une touche personnelle et une dimension extraordinaire au projet. Mais son propriétaire, le mystérieux et terrifiant Kosmo Vassilian, est insatiable et en veut toujours plus. C’est ce que découvre Edgard lors de son séjour dans cet hôtel interminable et plein de secrets, qui semble lui aspirer toute vie à mesure qu’il l’arpente. Heureusement qu’il y a Silma, l’épouse du maître des lieux, pour qui le jeune architecte éprouve des sentiments de plus en plus forts…
Un ambiance à la Dracula, un décor à la Barton Fink, une touche d’absurde flippant façon Kafka… En passant la porte de cet Empire Falls Building, on plonge dans un univers oppressant, où tout ne paraît que faux-semblants, illusions de solidité et de pérennité de la brique et du béton. Très vite, la mission du jeune architecte semble vouée à l’échec ou du moins à l’inachèvement, car c’est davantage la ligne philosophique et le cheminement individuel et collectif qui intéressent le violent propriétaire, aux motivations obscures. Et c’est l’évolution du jeune héros, en même temps que sa réflexion sur la nature de l’immeuble et son sens véritable, qui occupent les auteurs : de jeune naïf à artiste maudit, Edgard avance dans une quête initiatique bouleversante, rythmée par ses entrevues funèbres plus que charnelles avec l’évanescente Silma. Le dessin de Tommy Redolfi (plus que les très anecdotiques calques insérés ça et là…) donnent toute leur profondeur au propos, avec ses lignes torturées, ses visages comme des masques, ses jeux d’ombres et de lumières léchées, dans un format tout en hauteur très pertinent. Une vraie réussite, cohérente et inspirante.
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