Empreintes
Étudiant à Londres, le fils de Li Kunwu lui demande un éclairage sur la culture traditionnelle chinoise : arts martiaux, calligraphie, peinture, théâtre, danse… Comme ces arts sont issus du peuple, la recherche de l’auteur commence par l’observation de ses pairs. Il se promène, photographie le folklore, interroge l’habitant. Tout cela le conduit à une réflexion : qu’est-ce que le Chinois actuel ?
Ces Empreintes sont celles du patrimoine. Car à travers la bande dessinée, Li Kunwu souhaite transmettre la mémoire de son pays. Mais ce qui part d’une bonne intention vire parfois à l’excès, dans ce livre… En effet, il plane une désagréable impression que l’auteur cherche à nous persuader des – innombrables… – vertus de la tradition chinoise. Pompeusement. «Certaines qualités, gentillesse, optimisme, inhérentes au peuple chinois, qui plus est travailleur, honnête, lui ont permis de survivre durant cinq mille ans», raconte l’un des personnages. Avant de fustiger le Chinois «laid», avide, corrompu : celui qui porte les travers de notre temps et que projettera de dessiner Li Kunwu – une mise en abyme qui nous entraîne dans les coulisses de l’édition de manhua. Si Li Kunwu, une mémoire chinoise n’est évidemment pas aussi binaire, il ne met peut-être pas assez d’eau dans son huangjiu, ici… Ce sont le patriotisme et la glorification du passé qui prédominent.
Entre documentaire et fragment de vie, cette bassine de culture chinoise se répand dans tous les sens. Une progression libre et plutôt décousue, où Li Kunwu semble alterner les sujets et lâcher son encre au gré des envies. Son graphisme, d’ailleurs, très expressif, entre héritage et caricature, demande un petit effort de déchiffrage qui finit par lasser. Alors, quand s’ajoutent les interminables tirades explicatives de ses planches… reste une mine de témoignages et d’informations, certes, mais pour une BD peu accrocheuse.
© 2014 LI KUNWU – KANA
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