… en Chine
En 2011, l’auteur allemand Sascha Hommer se rend à Chengdu, ville chinoise de 14 millions d’âmes, pour y vivre quatre mois aux côtés de son ami Karl, en couple avec Linda, une Américaine d’origine chinoise. Première galère sans nom, trouver un logement décent et pas cher. Deuxième galère, s’habituer à la pollution, au trafic assourdissant, aux rats et aux cafards. Et quand la grisaille se dissipe, il faut affronter l’obstacle d’une langue faite de signes bizarres, impossible à mémoriser. Entre aventure kafkaïenne et étonnement froid, Sascha Hommer va tenter de s’adapter à son nouvel environnement…
Moins un carnet de voyage qu’une immersion dans le quotidien d’un pays émergent, … en Chine signé Sascha Hommer (Quatre yeux) est de bout en bout déconcertant. Car on suit Sascha, affublé d’un masque au rictus changeant, dans une ville tentaculaire en plein boom qui oppose aux tares habituelles du développement prédateur son gigantisme architectural, symbole d’un capitalisme sauvage. Déshumanisation, sentiment de perte, dissolution de l’identité, décalage linguistique – les scènes de traduction de messages publicitaires sont sidérantes –, l’auteur éprouve une foule de sentiments, celui de l’expat’ « lost in translation ». Sinistre, le portrait urbain de Chengdu nourrit le désarroi et l’image d’une métamorphose aussi brève que destructrice.
Le ton est posé voire froid, jouant d’un sentiment kafkaïen quand le trait esquisse une ambiance plus qu’il ne la décrit. Soit un petit enfer ordinaire à la modernité étouffante. Sascha Hommer incarnant au final « un voyageur moderne à la poursuite des vestiges d’une réalité disparue » qui n’a d’ailleurs peut-être jamais existé. Plutôt tristounet, ce voyage de l’absurde baignant dans une ambiance cotonneuse se lit avec un intérêt modéré.
Publiez un commentaire