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En falsh #1

8 juin 2020 |
SERIE
En falsh
ALBUM
On est là - 1
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
Oz
EDITEUR(S)
PRIX
17.95 €
DATE DE SORTIE
04/03/2020
EAN
2756079855
Achat :

Modi a bien du mal à conjuguer ses études supérieures et la gestion des affaires familiales, basées sur le trafic de drogue au pied des tours de sa banlieue parisienne. Avec son ami Greg, il conçoit des plans pour étendre le business, mais doit aussi composer avec l’appétit ou la bêtise des petits dealers, le sentiment d’impuissance des anciens patrons incarcérés, la haine des boss de la cité voisine… Et au milieu, un gamin qui rêve de sport, un autre de musique, et tous d’un peu plus de reconnaissance et de liberté…

en-falsh1_imageVoilà le premier tome d’une série ambitieuse en cinq gros volumes, qui se présente comme « une fiction documentée sur les mécanismes d’interactions sociales de la banlieue française ». Une annonce un peu ronflante mais qui pose l’objectif du scénariste Oz. Toutefois, à la lecture de ce premier opus consacré au business de la drogue (les suivants parleront du quotidien des habitants, du système judiciaire, de l’hôpital et du système éducatif), le doute sur la possibilité d’atteindre cet objectif est permis. Car En falsh propose pour l’instant un polar sans flic à hauteur de petits trafiquants, honnête mais pas révolutionnaire non plus, certes bien documenté mais qui ne transcende pas le genre. On y retrouve quelque clichés à la vie dure, notamment dans les archétypes (le jeune dealer diplômé plus malin mais pas assez retors, le grand frère en taule ultra violent…), même si le soin pour décrire la banlieue autrement que par le prisme du sensationnalisme ou du misérabilisme est à saluer. Certes, en bande dessinée, on a rarement lu quelque chose comme ça. Mais en série télé, notamment, de The Wire à Engrenages, la fiction a déjà montré, autrement plus brillamment, qu’on pouvait construire une histoire complexe avec un fond sociétal solide.

Surtout, malgré un dessin s’appuyant sur une ligne fine et dynamique, En falsh souffre d’un problème de mise en scène qui ne permet pas de suffisamment bien incarner les personnages, sautant de l’un à l’autre sans assez les creuser et imposant une trop grande distance avec eux – ce qu’évitait le chaleureux Jeu d’ombres, par exemple. On a du mal à les reconnaître et donc à s’y attacher, et on ne voit alors que les quelques défauts de l’ensemble – trait trop synthétique, aplats gris sans relief, effets de moirage ou de texture peu convaincants, et donc portraits trop fades d’une trop grande galerie de protagonistes. « Je voulais quelque chose d’insaisissable, que les personnes soient identifiables, mais interchangeables », dit le scénariste. Effectivement, dans ce sens, c’est réussi. Mais l’intérêt de l’idée est discutable…

On gardera un oeil sur cette série naissante, car l’ambition est louable et le fond intéressant. Mais le dispositif narratif et le parti-pris graphique ont montré ici des limites qu’elle devra franchir pour réussir son pari.

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