Enki Bilal expose ses Fantômes au Louvre
Enki Bilal entre au Louvre ! Enfin, pas vraiment comme on l’entend, mais pour une exposition temporaire autour de l’ouvrage conçu pour le musée et les éditions Futuropolis, Les Fantômes du Louvre.
La collection Louvre/Futuropolis continue de s’enrichir, après notamment La Traversée du Louvre de David Prudhomme, paru cette année. C’est maintenant au tour d’Enki Bilal de se voir invité à arpenter le musée (aux heures de fermeture, le veinard) et d’en tirer une histoire. Ou plutôt des histoires. Car l’auteur s’est piqué d’inventer des personnages autour d’oeuvres majeures des collections du Louvre, plutôt que de créer une bande dessinée. Cela donne à la fois un livre et une exposition.
Bilal a d’abord photographié des peintures ou sculptures parmi les plus fameuses (La Joconde, La Victoire de Samothrace, Le Boeuf écorché de Rembrandt, l’autoportrait de Dürher…), puis a imprimé ses clichés sur une toile. Sur laquelle il a peint et dessiné des personnages sortant de ces tableaux ou évoluant autour des oeuvres. Comme autant de fantômes hantant les couloirs du musée, volutes spectrales autour de l’objet auquel il est rattaché. Car, enfin, Enki Bilal a écrit de courtes biographies imaginaires de ces défunts, qui ont croisé à un moment ou un autre de leur vie rêvée la route de l’artiste responsable de l’oeuvre choisie. Ces biographies sont tantôt amusantes, souvent glauques, parfois ennuyeuses, presque toujours marquées par une tragédie, un drame personnel et/ou une mort violente. Comme autant de faits divers sanglants, la face obscure de l’histoire de l’art.
Si l’idée est originale et attractive, le résultat est inégal. En effet, les images photo+peinture de Bilal possèdent, pour la plupart, une vraie puissance esthétique. Hélas, les histoires ne sont pas toutes à la hauteur et sont quelque peu répétitives. Mais surtout, le dispositif global est déséquilibré. Autant le livre publié par Le Louvre et Futuropolis est globalement froid, encore plus froid qu’un catalogue d’exposition, autant l’exposition en elle-même est réussie. D’abord grâce au lieu : un espace de belle taille, en plein coeur de l’aile Sully du Louvre, avec vue sur la Seine, voilà un plaisant écrin ! Ensuite parce que les biographies imaginaires des fantômes sont présentées comme des cartels classiques de musée, juste à côté des toiles de Bilal. Sur lesquelles il est agréable de s’attarder, de près, pour mieux saisir la mise en abîme, ou comment l’artiste a fait jaillir ses fantômes de la photo représentant l’oeuvre d’origine.
Alors n’hésitez pas : si vous êtes à Paris, offrez-vous un ticket pour Le Louvre (parce que, en plus, il y a quelques autres chefs d’oeuvre à admirer là-bas!) et passez un peu de temps avec les Fantômes d’Enki Bilal. Vous vous passerez alors aisément du bouquin.
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Exposition Enki Bilal – Les Fantômes du Louvre
Jusqu’au 18 mars 2013.
Musée du Louvre, aile Sully, 1er étage, salle des Sept-Cheminées.
Tous les jours, sauf le mardi, de 9h à 17h45 (21h45 mercredi et vendredi).
Accès avec ticket d’entrée au musée.
Les Fantômes du Louvre.
Par Enki Bilal.
Futuropolis/Louvre éditions, 25 €, le 23 novembre 2012.
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Photos © BoDoï – Images © Enki Bilal, 2012, Futuropolis / Musée du Louvre
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Monsieur Bilal avait bien du talent quand il démarra sa carrière dans Pilote vers 1970. Un dessin un peu raide, peut-être, mais beaucoup d’imagination dans les décors, les costumes et les vaisseaux spatiaux. Il emprunte à Moebius une partie de sa technique pointilliste, et réalise de magnifiques couvertures de livres de SF.
Mais depuis combien de temps n’a t’il fait de bonnes BD? Il a fait des films (aucun n’a cartonné au box-office), il fait de la peinture qu’il vend trés cher chez Artcurial (plus de 100 000 euros l’oeuvre), maintenant il photographie des oeuvres connues et y rajoute ses funèbres fantômes. Je suppose que cela n’en fera pas l’égal de ses illustres predecesseurs.
Sinon, vous avez raison, le livre a une maquette lugubre!
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